Moi, Président (deux mois plus tard)

C’était le premier grand rendez vous de François Hollande avec nous, ses sujets. Les journalistes de la télévision l’avaient invité, nous a-t-il dit, et il a répondu à leur invitation. J’aime bien la normalité de la présidence Hollande, si reposante après l’hystérie Sarkozienne, mais de là à nous prendre pour des benêts…  Mais c’est un détail. Et sur le fond ?

Il faut déjà reconnaître qu’il n’a éludé aucun sujet, que les journalistes (Laurent Delahousse et Claire Chazal) ont été presque incisifs. Presque. Quand même, faut pas non plus déconner. Ils avaient un peu trop tendance à se couper la parole, mais qui leur en voudra d’avoir voulu capter un peu de la lumière du souverain, hein ?

Le fond, donc. Sur PSA et le secteur automobile, il a été fort mauvais. Incapable de sortir du cadre, des litanies habituelles, des rodomontades dont on sait bien qu’elles ne seront pas suivies d’effets. D’ailleurs, il n’y est pas pour grand chose, les politiques en général non plus. PSA est géré par des nuls depuis des décennies, comment s’étonner qu’un groupe industriel qui n’investit que trop peu en recherche et développement se retrouve dans les choux un jour ou l’autre ? Et ce n’est même pas la leçon qu’ils en ont tiré, puisque sur les 8000 postes qui vont être supprimés, 1400 concernent le secteur R&D !

Sur la nomination de Jouyet à la Caisse des Dépôts, il a été hyper décevant. J’avais encore dans l’oreille la litanie des « moi, Président ». Or, la nomination de Jouyet à ce poste pose de gros problèmes de conflits d’intérêts, comme l’a pointé Mediapart.  Qu’il soit compétent, le meilleur à ce poste, même, n’est pas le problème. Avant de nommer une commission sur l’éthique, n’aurait-il pas mieux valu être prudent sur ce terrain là ?

Sur la règle d’Or, je l’ai trouvé bien imprudent. Le Conseil Constitutionnel ne s’est pas encore prononcé et pourrait imposer l’inscription de cette règle dans la constitution (ce qui serait scandaleux, mais ce Traité européen de Stabilité l’est, de toute façon).

Pour le reste, ça allait 🙂

Pour se faire un petite peur rétroactive, et se rappeler à quoi on a échappé, je vous conseille vivement le visionnage du dernier film de Pierre Carles : DSK, Hollande, etc… (ah, la scène du défroissage des costumes, je ne m’en lasse pas). Par ailleurs, le film va bien au delà du rappel de l’engouement médiatique pour DSK avant ce fatidique jour de mai 2011, mais nous montre aussi l’arrogance de Nicolas Demorand quand on le chatouille sur le positionnement de son journal, mais aussi un florilège du traitement des petits candidats par les médias, avec un festival Denisot-Apathie de haute facture – âme sensible, s’abstenir – , et bien d’autres choses encore.

(Merci à Olivier Berruyer qui a donné le lien sur son blog, que je vous recommande à nouveau chaudement).

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2 réponses à Moi, Président (deux mois plus tard)

  1. Phil dit :

    Merci pour le lien sur le film de Pierre Carles – je regarde ça dès que possible !

  2. Phil dit :

    Vu, et en effet, ça fait mal… (bon prolongement des « Nouveaux Chiens de Garde », l’occasion de rappeler une nouvelle fois l’existence de ce doc d’utilité publique dont le visionnage devrait être rendu obligatoire en prime time sur toutes les chaînes).

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