Hollande, l’autre nom de Sarkozy

On vient de vivre une semaine vertigineuse. Et un peu nauséeuse aussi.

Fin décembre, François Hollande était ce président qui nous avait bien enflé sur un grand nombre de ses engagements électoraux, surtout en matière économique, mais qui avait encore le mérite d’une certaine sobriété qui nous reposait tellement de l’hystérie permanente, quotidienne, du quinquennat précédent.

Et puis, en dix jours, tout a basculé.

Episode 1 : story telling autour du virage social-libéral du président. Il n’y a eu que les éditorialistes pour croire qu’il y avait virage (Hollande a commencé son virage social-libéral le 12 mai 2012 à 20h01), et pour nous le seriner matin midi et soir dans les médias qui les invitent ou leur ouvrent tribune. Mais ça a fonctionné. Ils étaient tous là, avec leur mine réjoui, les Apathie, Giesbert, Barbier et consorts. Enfin, notre président se rallie à la grande famille des penseurs raisonnables. Et je n’en ai pas entendu un seul dire, c’était quand même un minimum, qu’on aurait pu au moins s’attendre à un mea culpa par rapport à ses engagements de campagne. Que ça posait peut-être un problème de démocratie, d’être élu sur un programme, et de faire l’inverse une fois élu. Non, tellement éblouis que « la raison » l’emporte, ils ont juste trouvé ça formidable.

Mais le meilleur était à venir.

Episode 2 : c’était la règle absolue du Sarkozisme, une règle que « lui, président », allait rejeter à jamais : Chaque jour une nouvelle histoire doit chasser la précédente, pour nourrir la benne aux ordures des chaînes d’info en continu. Alors, nouvelle histoire : Dieudonné. Cet ancien humoriste, devenu on ne sait plus trop quoi, depuis des années, devient, en vingt-quatre heures, par la grâce de l’hystérique Manuel Valls, le problème numéro Un de la France entière. (Ce même Valls qui doit jubiler de voir le programme économique qu’il prônait lors de la Primaire socialiste appliqué à la lettre). Dans cette histoire, Valls est un pompier pyromane, j’en suis convaincu. Dieudonné doit être attaqué sans relâche chaque fois qu’il commet des infractions, mais l’interdire a priori, c’est en faire un martyr, lui faire une publicité dont franchement, il n’avait pas besoin. Et demain, pour un autre cas similaire, ou des dizaines d’autre cas, on va faire quoi : rétablir une commission de censure ?
Valls… Ce cher Manuel Valls, qui pense que les Roms n’ont pas vocation  s’intégrer en France, et qui trouvait, un jour qu’il n’y avait pas assez de « blankos » sur le marché de sa bonne ville d’Evry dans laquelle il se promenait… Si je voulais encore trouver des excuses à Hollande, je dirais que Valls est son âme damnée, mais je crois que Hollande n’a bseoin de personne…

Episode 3 : En vingt quatre heures, Dieudonné est remplacé dans les médias par les affaires de cul de Hollande. Entendons nous bien, je me fous de ce qui se passe dans le lit de Hollande. Mais on ne va pas nous refaire le coup de « le journalisme s’arrête à la porte de la chambre à coucher ». Bon, j’en ai juste marre de ces vies affichées et scénarisées par les politiques eux-mêmes pour leur image, mais qu’il faudrait protéger dès que ça les dérange. Qui instrumentalisme qui ? On a élu un président, et c’est tout. Marié, pas marié, en concubinage, avec ou sans maîtresse, qu’importe :  la République propre dont Hollande nous rebattait les oreilles (encore une fois :  « Moi, Président ceci, Moi président cela ») s’honorerait de laisser la vie privée en dehors de la vie publique. Pas de compagne, d’épouse, ni de maîtresse en voyage officiel, et pas de bureau à l’Elysée pour l’une ou l’autre. Alors que là, on est en pleine confusion. Et, pour couronner le tout, notre président ne s’interdit pas d’attaquer le journal qui dévoile ses aventures amoureuses en justice. Comme aux grandes heures du Sarkozysme.

En dix jours, on se retrouve face à ce constat terrifiant : Mais au fond, elle est où la différence avec Sarkozy ? Ce n’est pas qu’une question rhétorique ! Il y des gens, nombreux, qui ont voté Hollande en 2012 parce qu’ils pensaient que la politique de Nicolas Sarkozy, et sa façon de présider le pays étaient fondamentalement dangereuses. On a changé de personne. On n’a pas vraiment changé de politique, ça, on l’avait compris depuis longtemps mais c’est maintenant officiel. Mais ce qui est nouveau – à moins que ce ne soit que mes yeux qui se sont décillés – c’est qu’en fait, on n’a pas changé d’homme non plus.

Vertigineux, je vous dis.

Ce contenu a été publié dans Politique, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Hollande, l’autre nom de Sarkozy

  1. Phil dit :

    M’en parle pas, ce matin en entendant l’histoire avec Gayet au réveil, je me suis retrouvé plongé quelques années en arrière – quand tous les matins je me demndais quelle connerie ils allaient encore nous inventer aujourd’hui…

    Comme on le disait « chez moi » sur cette même conversation, heureusement qu’il reste quelques ministres potables dans le gouvernement, qui relèvent le niveaux face aux champions de Sarkozy, parce que sinon…
    (déjà que c’est pas terrible de n’avoir plus que ça à se raccrocher)

    • Cyrille dit :

      Oui, on le disait, mais avoue quand même que c’est pas vraiment vrai, cette histoire de ministres potables, parce que, que font-ils face à Valls ? Il n’y a pas trente six politiques de la France, il n’y en a qu’une. C’est celle de Hollande, et en ce moment, elle est mise en musique par Valls principalement.

      • Phil dit :

        C’est vrai qu’un Peillon pèse peu face à Valls…
        Et ils suivent de toute façon la voie du chef.

Les commentaires sont fermés.