L’Échiquier du mal. Dan Simmons

Si j’avais plusieurs vies, j’en consacrerais une à relire des livres que j’ai aimé. Mais je n’en ai qu’une, et du coup, je relis assez peu. Relire L’Échiquier du Mal, de Dan Simmons, me taraudait depuis pas mal de temps, et je me suis enfin lancé. Je l’avais lu lors de sa parution en France, en 1992, et il m’avait profondément marqué. C’est le livre qui a provoqué le plus d’effroi chez moi. Je me souviens de vraies terreurs nocturnes pendant la période où je le lisais.

Vingt-deux ans plus tard, il semblerait que je me sois endurci : je n’ai pas autant effrayé ! Dan Simmons est un auteur assez multiforme, passant de la SF, au fantastique, en passant par quelques romans de littérature blanche (considérés à tort comme des oeuvres mineures : Les larmes d’Icare est pour moi l’un de ses plus beaux romans, je pense d’ailleurs le relire bientôt !). Depuis le début des années 2000, il a effectué un virage idéologique néo-conservateurs assez irritant, d’autant que sa littérature en est devenue imprégnée (Olympos est une véritable merde, par exemple). Mais bon, Dan Simmons reste l’auteur d’Hypérion, quand même, qui est un vrai chef d’œuvre !

Mais en 1989, date de parution aux States de l’Échiquier du Mal, Dan Simmons semble bien plus modéré. Ses personnages principaux, ceux avec lequel on le sent en empathie, sont plus liberal (au sens américain, c’est à dire « de gauche »)  qu’admirateurs de George W. Bush ou Dick Cheney (ou plutôt de Ronald Reagan, puisque l’histoire du roman se déroule principalement en 1981).

L’Échiquier du Mal raconte le combat de Saul Lasky contre des êtres humains dotés d’un « talent » particulier : la capacité de prendre le contrôle de l’esprit d’un ou plusieurs autres êtres humains.

Saul Lasky, rescapé des camps de la mort, a rencontré l’un d’eux à Solibor peu avant son évasion. Après la guerre, il a essayé de retrouver son tortionnaire, mais ses recherches ne donneront rien jusqu’au début des années 80. Et là, il va découvrir que l’ancien nazi n’est pas le seul à détenir ce talent, et que ces êtres, réunis dans une sorte de club, se livrent régulièrement à des jeux mettant aux prises les victimes de leur talent : un jeu de petits soldats dont les pions sont les personnes dont ils ont pénétré l’esprit. Lasky va traquer les membres de ce club aidé de Nathalie Preston, une jeune femme dont le père a été une victime collatérale du jeu maléfique de ces êtres pervers.

Même si je n’ai pas été aussi effrayé que la première fois, je n’ai absolument pas regretté cette deuxième lecture. L’Échiquier du Mal est un très très bon roman fantastique, un classique du genre selon moi. C’est un véritable « page turner », qui est de surcroit bien écrit et formidablement documenté (la force en général de Dan Simmons, une force qui parfois devient un boulet, comme par exemple son roman sur Dickens, Drood, qui sombre sous une documentation indigeste…). Une part belle est donnée aux personnages, qui ont une vraie épaisseur. On est tenu en haleine du début à la fin, il y du suspense, de l’émotion, de l’action, des rebondissements ! C’est étonnant qu’il n’y ait jamais eu d’adaptation cinématographique de ce roman.

J’ai eu le plaisir de relire ce roman dans sa collection d’origine, l’éphémère Présences de Denoël, avec ses couvertures bleues (il était paru en deux volumes). Il a été ensuite repris en un volume chez Lunes d’Encre, et multi-publié en poche (toujours disponible chez Folio SF). Ça reste une valeur sûre du genre, indispensable pour les amateurs, et un très bon point d’entrée dans la littérature fantastique pour ceux qui voudraient s’y essayer.

Roman traduit de l’Américain par Jean-Daniel Brèque
Disponible en poche chez Folio-SF

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4 réponses à L’Échiquier du mal. Dan Simmons

  1. Phil dit :

    Total accord sur tous les points (y compris sur le fait de consacrer une vie aux relectures ! :)).
    Très grand roman fantastique, un des tous meilleurs, lu 2 fois aussi (je devrais encore avoir le temps d’une troisième – pareil pour Hyperion/Endymion).

  2. Jean-Daniel Brèque dit :

    Pour info, le livre sera réédité à la rentrée en un seul gros volume chez Folio.

  3. Plume dit :

    Acheté l’année derrière dans sa superbe édition Lunes d’Encre mais pas encore lu. J’espère réparer cette erreur bientôt et être autant enthousiasmée que toi 😉

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