Hank Shapiro au pays de la récup’. Terry Bisson

Comme je le disais dans mon précédent billet, pour l’opération 15 ans-15 blogs des éditions Denoël pour célébrer les 15 ans de la collection Lunes d’Encre, j’ai lu en fait trois ouvrages pouvant être éligibles à cette opération (pour mémoire : ouvrage disponible d’un auteur n’ayant jamais été chroniqué sur le blog du participant). Voici donc la chronique d’un second livre, celui d’ailleurs que j’ai lu en premier sur les trois. Et qui m’a pas mal plu, même si un peu moins que Delirium Circus, de Pierre Pelot.

Hank Shapiro au pays de la recup’ est paru en 2003.  C’est une dystopie qui traite d’un sujet similaire au très célèbre Farenheit 451, mais de façon beaucoup plus déjantée. Dans un futur pas bien déterminé (on sait seulement que c’est au XXI° siècle), une succession d’événements ont abouti à un corpus de lois qui régissent le « retrait » ou « effacement » d’un certain nombre d’artistes (auteur de livres ou de musique, acteurs…), c’est à dire qu’ils sont retirés du marché : livres et disques détruits et interdits, copies de films retirés… La motivation d’origine est d’encourager l’émergence de nouveaux artistes… Une brigade est chargée de récupérer les œuvres retirées. Hank Shapiro est membre de cette brigade, jusqu’au jour où il récupère un disque vinyle qui évoque son enfance et son père qu’il n’a jamais vraiment connu. Et si, se dit-il, avant de le remettre à ses supérieurs, il l’écoutait une fois. Il se met en quête d’une platine disque, objet interdit que l’on ne peut obtenir qu’en contrebande. Et sa vie bascule…

Le roman entrelace deux lignes narratives. D’abord la vie du personnage principal durant les quelques jours qui suivent la récupération de ce vinyle, qui devient un vrai road-movie. Et un récit qui raconte la succession d’événements qui ont amené à ces lois. Le ton est beaucoup moins grave que dans le roman de Bradbury. C’est moins violent, et beaucoup plus loufoque. Moins noir. D’ailleurs, on n’est pas ici vraiment dans une dictature.

J’ai regretté que le lien avec le père et l’enfance du personnage principal ne soit pas mieux exploité. C’est comme une piste ouverte, sur laquelle finalement l’auteur ne va jamais. Hormis cette réserve, j’ai beaucoup aimé ce roman, à la fois drôle et intelligent, qui, sous prétexte d’anticipation, se moque des excès de la société américaine et de ses dérives, en particulier le fonctionnement hyper-judiciarisé pouvant mener à des aberrations. Le rythme est assez effréné, on ne s’ennuie jamais. Et c’est souvent très drôle.

Il est toujours temps, plus de dix ans après sa parution en France, de découvrir ce roman, qui n’a pas pris une ride.

(Note : En consultant la fiche Wikipedia de l’auteur, je me suis rendu compte que je le connaissais l’auteur, sans m’en souvenir. C’est lui qui a terminé après la mort de l’auteur, la suite d’un Cantique pour Leibowitz, de Walter M. Miller. Il est d’ailleurs fait référence à Walter M. Miller dès le début du roman, cet auteur étant un « effacé » dans la fiction de Terry Bisson.)

Roman traduit de l’Américain par Gilles Goullet
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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1 réponse à Hank Shapiro au pays de la récup’. Terry Bisson

  1. Phil dit :

    Faudra que je le lise, celui-là, forcément, vu les thèmes abordés…

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