Le Paradoxe de Fermi. Jean-Pierre Boudine

J’étais assez impatient de lire Le Paradoxe de Fermi, parce que je m’attendais à lire un roman traitant de rencontre avec des extra-terrestres. En effet, le paradoxe énoncé par le physicien Enrico Fermi peut se résumer rapidement à la question : « S’il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ? »

Or, nul extra-terrestre dans le roman de Jean-Pierre Boudine. Le roman est un récit post-apocalyptique qui prend la forme du journal d’un des rares survivants (du moins le suppose-t-il, l’effondrement des moyens de s’informer l’empêchant de vérifier cette intuition), qui s’est réfugié dans les Alpes, pour fuir les bandes et la violence des zones urbaines. Dans son journal, le narrateur nous parle de sa difficile survie, et aussi de ce qui l’a amené là où il en est, et donc, en arrière plan, de l’effondrement de la société, dû à une crise économique systémique (la chute de Lehman Brothers à la puissance 10, pour faire simple). Et de fil en aiguille, il en arrive à réfléchir sur le paradoxe de Fermi, d’où le titre.

Le Paradoxe de Fermi n’est pas formellement un grand roman. La forme du journal n’est ni très originale ni propice à de grandes envolées littéraires. Le thème post-apocalyptique n’est pas non plus une grande nouveauté (peut-être parce que l’action se déroule en partie en France, j’ai beaucoup pensé à Malevil, de Robert Merle).

Et pourtant, grâce principalement à la réflexion amenée sur le paradoxe de Fermi, le roman m’a profondément marqué. Je trouve son dernier quart particulièrement brillant. Je ne discuterai pas ici de l’hypothèse de Jean-Pierre Boudine pour résoudre le paradoxe, pour ne pas déflorer ce qui fait l’essentiel du livre, mais en tout cas, elle m’a impressionné, je ne l’avais jamais lu ailleurs (peut-être parce que je ne suis pas spécialiste du sujet), et elle s’intègre très bien au récit, renforçant l’aspect désespérant et pessimiste de l’ambiance.

Roman court, qui se lit quasiment d’une traite, Le Paradoxe de Fermi est une réflexion indispensable sur l’état du genre humain.

Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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1 réponse à Le Paradoxe de Fermi. Jean-Pierre Boudine

  1. Phil dit :

    « Pas spécialiste du sujet », mais avec tout ce que tu as lu en SF, trouver un truc apparemment si original, ça m’intrigue !

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