L’Adjacent. Christopher Priest

L’adjacent, de Chritopher Priest est le roman qui m’a le plus enthousiasmé ces derniers mois. Il n’est en revanche pas le plus facile à chroniquer ! Déjà, il est impossible de raconter l’histoire. Priest éclate complètement les codes habituels de la narration, et réussit le tour de force de garder l’attention du lecteur de la première à la dernière ligne.

La ligne narrative principale se passe dans les années 2040, dans une Angleterre devenue République Islamique de Grande Bretagne. Tibor Tarent, photographe free-lance y est de retour après un long séjour en Turquie, jusqu’à la mort de sa femme dans un attentat.

L’histoire est entrecoupée de plongées dans le passé, pendant la guerre de 14 d’abord, puis dans celle de 39-45. Avec des personnages que l’on semble reconnaitre, comme des faux doubles de ceux de l’histoire de 2040. E puis, sans crier gare, on se retrouve dans une île de l’univers de l’Archipel des Rêves (autre roman de Priest). Là encore, les personnages ne sont pas tout à fait inconnus, et évoquent ceux des autres lignes narratives.

Le point commun de toutes ces histoires semble être l’Adjacence, une technologie inventée dans les années 2020, utilisée par les militaires pour développer d’effrayantes armes bien plus destructives que les bombes nucléaires, armes qui, au fil des ans, se sont miniaturisées et sont utilisées par des groupes terroristes.

L’adjacence rappelle le Don (autre roman de Priest). La magie et l’aviation apparaissent au fil du récit, en écho à deux autres romans de l’auteur (Le Prestige et la Séparation). Christopher Priest, avec l’Adjacent, invente le roman fractal, qui contient tous ses autres romans pour en former un nouveau, dont la forme nous échappe en permanence, sans jamais abandonner le plaisir de lecture. Un tour de force magistral.

En commençant la lecture de l’Adjacent, il faut accepter se laisser porter par la magie de l’écriture de l’auteur, quitte à renoncer à trouver une explication finale, qui ne sera jamais assez complexe pour relier toutes les pistes du récit.(Et tout cas, moi, j’y ai renoncé).

Roman traduit de l’Anglais par Jacques Collin
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

Ce contenu a été publié dans Livres, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

9 réponses à L’Adjacent. Christopher Priest

  1. Phil dit :

    C’est marrant : Priest est typiquement un auteur qui devrait bien plus m’intéresser que toi (le côté « exercice de style conceptuel » à chaque livre ou presque, tout ça) – mais c’est le contraire. A part Le Prestige et La Séparation, pas été emballé par ce que j’ai lu de lui, et j’arrive pas à avoir envie de lire ses bouquins à la construction complexe (celui-là, ceux autour des îles…).

    J’y vois la preuve de sa spécificité; il y a chez lui un certin truc indéfinissable qui titille ou non…

  2. Aldaran dit :

    La lecture du [i]Prestige[/i], de [i]La Séparation[/i], de [i]L’Archipel du rêve[/i] et du [i]Don[/i] sont un prérequis incontournable ?

  3. Phil dit :

    Commencé…
    Enfin, lu 120 pages aujourd’hui, quoi !

  4. Phil dit :

    Fini.

    C’était exactement ce à quoi je m’attendais, d’après mes Priest précédent, ton billet, et notre discussion en live sur le livre. En effet très agréable à suivre, fascinant dans sa construction et dans la façon de rassembler ses livres précédents en un seul, plein de concepts super intéressants…

    Mais me laissant sur une impression finale de « tout ça pour ça » – plus précisément de « tout ça pour rien ». Pas que je demande forcément des explications à tout bout de champ – tu sais bien que c’ets même plutôt le contraire. M’enfin, j’ai un peu l’impression, là, que même l’auteur ne savait pas trop où il allait et se contente de lancer ses idées sans se préoccuper de tout relier à la fin.
    « Les lecteurs de SF habitués comprendront bien ces concepts de personnages récurrents dans des univers parallèles, de reproduction de schémas dans le temps, tout ça… ça leur suffira bien ! » :). Ben non, moi, ça me suffit pas.

    C’est brillant, bien écrit, prenant, certes; mais en ce qui me concerne, on est loin du « roman qui m’aurait le plus enthousiasmé ces derniers mois ».
    J’en reviens à mon premier commentaire sur Priest, « auteur expérimental » qui ne fait pas dans mon type d’expérimentation.

    • Cyrille dit :

      C’est en ça que je trouve La Séparation largement au-dessus.
      Mais je dois dire que réussir à garder l’attention à ce point dans un roman où on voit « comprend rien », c’est fort. Un anti Hal Duncan, en quelque sorte !

      • Phil dit :

        Ah oui, là dessus, on est tout à fait d’accord. ça reste intéressant, et par moments captivant, de bout en bout.

Les commentaires sont fermés.