Les Producteurs. Antoine Bello

Cinq ans après Les Éclaireurs, qui était lui même suite des Falsificateurs, Antoine Bello a jugé nécessaire de revenir dans l’univers de ces romans pour écrire Les Producteurs.

Dans le premier volume, le personnage principal, Sliv Dartunghuver, découvre après son embauche par un cabinet de conseil l’existence du CFR (Consortium de Falsification du Réel), un organisme qui produit des scénarios modifiant la réalité et s’efforce ensuite de les rendre réels en falsifiant des documents historiques.

Les deux premiers romans de la série sont vraiment enthousiasmants, Antoine Bello arrive à rendre crédible son postulat dont rêveraient les tenants les plus féroces de la théorie du complot.

Malheureusement, le troisième de la série n’est pas du tout à la hauteur des deux premiers. À la fin du deuxième, Sliv a découvert les finalités du CFR, l’une des questions qui permettaient de maintenir un vrai suspense. Une fois cette question résolue, difficile de rebondir. Et, de fait, on est un peu dans la redite. L’auteur ouvre ce troisième roman sur un vol de documents qui risquent de compromettre l’aspect confidentiel du CFR. C’est ce qui pourrait faire tenir un tant soit peu l’intérêt du roman, mais malheureusement, Bello se désintéresse très vite de cette ligne narrative, et privilégie la mise en place d’un nouveau « scénario alternatif » par ces personnages. Très bien, c’est son choix. Sauf qu’on ne perçoit absolument pas l’intérêt et le but de cette « falsification », consistant en la découverte de codex mayas inédits. Quant aux documents volés, ça semble à la fois très grave et insignifiant, au point qu’on s’en désintéresse autant que les personnages du roman.

L’ensemble donne l’impression que l’auteur ne sait pas vraiment où il va, ce qui est gênant dans ce style de roman qui ne peut tenir que si l’intrigue est parfaitement maîtrisée. Bello essaie de tromper son monde en raccrochant les intrigues de son roman à des faits d’actualité récents (élection d’Obama, grippe H1N1…) mais ça ne prend pas vraiment. J’ai même eu l’impression qu’un personnage disparaissait à un moment (pour ceux qui l’ont lu, il s’agit du second embauché sur le bateau) mais c’est peut-être dû à une inattention de ma part : je me suis très vite ennuyé à la lecture de ce livre.

Les deux premiers tomes de la trilogie sont excellents, et n’avaient absolument pas besoin de ce rajout, inutile, qui n’apporte rien à l’histoire, et est ennuyeux au possible. Dommage. Le plus drôle, c’est quand même la quatrième de couv qui dit « Les producteurs fait suite aux Falsificateurs et aux Éclaireurs mais peut se lire indépendamment ». Pourquoi alors commencer le roman par un résumé de 10 pages ? Une tentative de falsification de Gallimard, probablement !

Paru aux Éditions Gallimard

Ce contenu a été publié dans Livres, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Les Producteurs. Antoine Bello

  1. Phil dit :

    Bon, je veux quand même le lire, mais ça fait chier d’avance que ce ne soit pas aussi bien que les autres ! 🙁

    (tu me le passes la prochaine fois qu’on se voit (avec le Fforde, si tu l’as lu) ?)

Les commentaires sont fermés.