Une fleur sur un long chemin aride

Écrire est un long chemin solitaire. Il y a déjà le cheminement tortueux qui amène à l’écriture. On a beau ressentir au fond de soi le besoin d’écrire, physiquement je veux dire, il est difficile de s’échapper du destin tracé par l’inconscient collectif et familial, lorsque celui-ci est à mille lieues de toute carrière artistique. Pour ma part, il m’a fallu vingt ans. Mais, une fois ce chemin trouvé (ou retrouvé), il se pose la question de la qualité de ce qu’on écrit. Première tentation (et erreur absolue) : faire partager à son entourage ses premiers fragments balbutiants. Et penser qu’on va trouver auprès d’eux un conseil avisé. J’ai appris durant ces dernières années à dire non. Mon panel de lecteurs-tests s’est réduit à trois personnes. Trois lecteurs exigeants, bienveillants (je me doute bien qu’ils ne me diront jamais que tel ou tel texte est bon à jeter, mais je sais aussi qu’ils ne sont pas complaisants), qui me permettent de me confronter avec ce que j’écris, sur le fond, sur la forme, et qui m’épargnent les « j’aime, j’aime pas, j’ai adoré, tu devrais l’envoyer à l’éditeur de Marc Lévy, tu n’as pas essayé l’auto-édition ? ». Il m’en a fallu des claques et des espoirs sans lendemains pour comprendre ça. Je me souviens par exemple de l’attente interminable qu’un auteur déjà publié (un ami d’un ami d’un ami) me fasse un retour sur mon premier roman. Et surtout de la frustration lors de la réception de ses commentaires. J’espérais y trouver une clé, ou bien une assurance, que sais-je… Et je n’y trouvai rien d’exploitable. Sinon qu’il n’avait pas bien aimé mais n’osait pas vraiment me le dire… Je pourrais multiplier les exemples à l’infini.

Bref, depuis, la réponse est immuable : tu pourras lire mes textes lorsqu’ils seront publiés. Et s’ils ne le sont jamais ? C’est qu’ils ne méritent pas d’être lus ! Même si c’est infiniment frustrant quand on y croit (et il faut bien y croire soi-même pour continuer inlassablement).

Tout ça pour dire que ce moment est venu : pour la première fois, un de mes textes a reçu une reconnaissance professionnelle. La Revue Rue Saint-Ambroise a sélectionné une nouvelle que je leur ai envoyée pour publication sur leur site Internet, dans la rubrique « Nouvelle de la semaine ».

La nouvelle s’appelle : Une photo. Le lien est ici.

Après des années à écrire sur ce blog le bien ou le mal que je pensais des textes des autres, je passe de l’autre côté du miroir. Et, de façon toute préventive, je préfère avertir : qu’on ne me dise pas « tu es bien mal placé pour critiquer vu ce que tu écris »… J’ai toujours pensé qu’on pouvait parfaitement juger de la qualité gustative d’un pain sans avoir aucune notion de boulangerie 🙂

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4 réponses à Une fleur sur un long chemin aride

  1. Phil dit :

    Bravo !
    (ici aussi)

    😀

  2. Phil dit :

    « Et, de façon toute préventive, je préfère avertir : qu’on ne me dise pas « tu es bien mal placé pour critiquer vu ce que tu écris »… J’ai toujours pensé qu’on pouvait parfaitement juger de la qualité gustative d’un pain sans avoir aucune notion de boulangerie »

    Ouais, l’éternel argument pourri du « tu serais pas capable de faire pareil, alors bon… ».
    Avec ça, les films de Besson sont bien, et les livres de Guillaume Musso de la littérature…

  3. Phil dit :

    (et je n’oublie pas que je te « dois » une fiche de lecture – pas eu le temps ces dernières semaines, mais ça va venir ! :))

Les commentaires sont fermés.