Mes Vrais Enfants. Jo Walton

Après le magistral Morwenna, puis La Trilogie du Subtil Changement (qui m’avait moins convaincu), Lunes d’Encre poursuit la publication des œuvres de Jo Walton, avec un roman qui date de 2014 : Mes vrais enfants (elle a depuis écrit une trilogie “The Just City”).

Mes vrais enfants raconte la vie de Patricia, qui, au crépuscule de sa vie, se souvient de deux vies différentes, des vies qui auraient bifurqué lorsqu’elle a eu à répondre à l’homme qui lui demandait en mariage. Dans une vie, elle lui a dit oui, dans l’autre, elle lui a dit non. Dans les deux vies, elle a eu des enfants, quatre dans un cas, deux dans l’autre.

Pour elle, dans ses souvenirs du moins, ces deux vies sont tout autant réelles. Et son choix semble avoir eu aussi des conséquences sur le monde dans lequel elle a vécu. À partir de ce point d’inflexion de sa vie, les événements politiques ont eux aussi bifurqué. Vers un monde plus tragique dans la vie où Patricia a été la plus épanouie, vers un monde plus apaisé dans la vie la plus difficile pour elle.

Jo Walton nous livre non pas une uchronie, mais deux pour le prix d’une, puisque ces deux mondes ont des différences avec celui que l’on connaît. Et elle décline la notion d’uchronie sur un mode individuel, ce qui est assez original.

L’écriture de Jo Walton est toujours aussi limpide, et on dévore le roman jusqu’à sa dernière page très rapidement.

Reste que la magie qui m’a tant enthousiasmé dans Morwenna n’est qu’en partie présente. Les personnages sont attachants, mais la naïveté politique de l’auteur est parfois confondante (j’avais déjà eu cette impression dans Le subtil changement). Qui se double ici d’un certain manichéisme dans la peinture de ses personnages, la plupart n’ont que des qualités, quelques-uns l’inverse… Pour tout dire, à part Patricia, les autres personnages manquent un peu d’aspérités.

D’autre part, le choix de nous raconter ces deux vies parallèles (sur un mode narratif très factuel), plutôt que de nous les montrer, rend le lecteur parfois extérieur à ce qu’il lit.

Mes vrais enfants reste un très bon roman, mais pour moi, le chef d’œuvre de Jo Walton reste Morwenna. Parce que je pense que Jo Walton n’est jamais meilleure que quand elle reste dans le domaine de l’intime.

Roman traduit de l’Anglais (Pays de Galles) par Florence Dolisi
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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1 réponse à Mes Vrais Enfants. Jo Walton

  1. Phil dit :

    On dirait vraiment un mélange entre Morwenna et sa Trilogie du pas-si-subtil changement… Et même s’il est moins bien que son chef d’oeuvre (c’était prévisible), j’ai hâte de le lire !

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