HT, Human Tools, est une entreprise de conseil comme il en existe quelques unes. Elle vend à de grosses sociétés des méthodes pour gagner plus et mieux : délocaliser, licencier… Bien entendu, elle applique en interne les procédures qu’elle vend à ses clients. Souvent, même, elle teste les méthodes en interne avant d’en faire un produit à proposer à sa clientèle.
Ainsi, un matin, la DRH fraîchement diplômée convoque-t-elle six employés de HT à un séminaire de remotivation. En fait de remotivation, on découvre très vite que le but du séminaire est de se débarrasser des six salariés en question, soit en les acculant à la démission, soit en les poussant à la faute lourde !
Tatiana Arfel, jeune auteure dont c’est ici le deuxième roman, décrit très justement l’inhumanité quotidienne du monde du travail globalisé, en faisant parler tour à tour les acteurs du drame. L’action se déroule au travers de leurs récits successifs, de leurs folies, de leurs failles, de leurs espoirs, de leurs désespoirs surtout, sans jamais oublier le point de vue des bourreaux mais aussi des spectateurs passifs. Le propos est parfois caricatural, mais la caricature est juste là pour souligner les travers du monde du travail d’aujourd’hui. Par ailleurs, plus le récit avance et plus on s’éloigne de la caricature, et, sur la fin, l’auteure évite tout à fait de sombrer dans une histoire manichéenne, donnant de fait une force certaine aux personnages et à la peinture de la société d’aujourd’hui.
Sans avoir l’air d’y toucher, Tatiana Arfel tricote une critique violente du monde du travail, et, au delà, de l’organisation globale du monde, où, peu à peu, on veut évacuer l’humain. Certains nous expliquerons que « c’est comme ça, on peut pas aller contre l’évolution du monde ». Peut-être… Mais cela n’empêche pas de regarder la vérité en face !
L’écriture de Tatiana Arfel repose sur les voix de ses personnages, qui sont parfaitement captées et retranscrites. C’est à un concert de ces voix auquel on est invité, un concert pas toujours harmonieux, mais, vu le sujet, le contraire aurait été étonnant. Cela donne un roman à la forme audacieuse, très réussi.
Paru chez José Corti
Ca a l’air bon, ça !
Comme j’ai plus qu’un livre à toi, j’ai droit à un second 🙂 – tu me le prêtes la prochaine fois ?
Yep.
Au bout de 40 pages, j’ai déja envie de buter des gens (enfin, des commerciaux et autres responsables RH, pas de vrais êtres humains !). Ca va être bien, mais horrible nerveusement !
Et j’ajoute (à la page 100), que je refuse maintenant qu’on me traite de Psyman ! Rapport au personnage du comptable, bien ravagé, à côté duquel je suis petit joueur…
Terminé… et vachement aimé ! (si t’as pas besoin de le récupérer, je le garde aussi pour que Diane le lise, si elle termine un jour le Huston).
Sur la caricature : je trouve qu’elle est bien présente du début à la fin, mais en effet c’est pas manichéen. C’est plus de l’exagération, le réel poussé au maximum pour servir une démonstration pamphlétaire qui fait mouche.
Ca m’a fait penser au film espagnol « La Méthode », je pense pas que tu l’aies vu – j’en parle ici : http://thexphill.free.fr/punbb/viewtopic.php?id=227.