Soubresauts européens

Dans la séquence récente de la crise européenne, une chose m’a vraiment frappé. D’un côté, Nicolas Sarkozy négocie sans rendre de comptes à personne, de l’autre, Angela Merkel va chercher auprès de son parlement un mandat de négociation. Les admirateurs béats de la cinquième république ont beau se gausser, en terme de démocratie et de transparence, l’avantage est à l’Allemagne. On me rétorquera que son mandat, Sarkozy, il l’a eu lors de l’élection présidentielle. Si le système présidentiel à la française, c’est donner un blanc-seing à un seul homme sans aucun contrôle, je pense qu’il est temps de se pencher sérieusement sur une réforme profonde de nos institutions.

L’Europe va mal, on le sent bien. Et on lit ici ou là que la solution, c’est le fédéralisme et de nouveaux abandons de souveraineté. Pourquoi pas ? Mais sur quelles modalités ? Je veux bien qu’on ait donné un mandat de négociations hyper large à Sarko en 2007, mais de là à négocier en catimini une Europe fédérale dont on voit pas le début du commencement de son socle démocratique, il y a un pas énorme, qu’il serait dangereux de franchir. Il est temps que s’engage, en France, un vrai débat démocratie sur l’Europe. Et sur nos institutions par la même occasion. L’hyper-présidence a plus que montré ses limites. Le problème avec la V° république, c’est qu’on la trouve très critiquable dans l’opposition, mais très confortable lorsqu’on arrive au pouvoir. Hollande aura-il le courage de bousculer ces institutions d’un autre temps, ou bien sera-il le clone Mitterrandien qu’il se vante parfois d’être ? (Mitterrand, qui a oublia bien vite la verve de son « Coup d’Etat permanent » lorsqu’il est arrivé au pouvoir).

En résumé, on est mal !

On trouvera ici une analyse très bien documentée des erreurs multiples de notre cher président dans son interview-allocution d’hier. On peut aussi s’interroger sur l’idée lumineuse d’un taux intermédiaire de TVA, que Sarko n’a pas confirmé, mais dont on parle dans tous les papiers. Les règles de l’Union européenne interdisent d’avoir plus de trois taux de TVA (Source : édito économique de BFM-TV aujourd’hui). Si on crée un taux intermédiaire (par exemple à 12%) pour un certain nombre de produits, il va falloir supprimer le taux super-réduit de 2,1%, qui s’applique, entre autres, aux médicaments et à la presse… On n’est pas au bout de nos surprises… (Précision du 9-11-2011 : personne ne parle de cette soi disant règle européenne, cela m’apprendra à ne pas écouter les mauvais éditorialistes de BFM !)

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1 réponse à Soubresauts européens

  1. The X Phil dit :

    « Il est temps que s’engage, en France, un vrai débat démocratie sur l’Europe. Et sur nos institutions par la même occasion. »
    Pour le coup, je pense que ça tombe bien, ça devrait être un des grands thèmes de la présidentielle. Le seul problème, c’est que ça risque de virer très vite à la bataille d’arguments de bas étage, avec des positions tranchées/imposées/peu approfondies.

    Pour le « blanc-seing » donné à Sarkozy en 2007, ça me rappelle la réforme des retraites : on avait dit à l’époque, déjà, qu’il sortait du programme pour lequel les français (enfin, une majorité d’entre ceux qui sont allés voter) l’avaient élu. Là (comme un peu à l’époque), il pourra toujours nous dire que la crise lui est tombée dessus – il n’empêche qu’elle a bon dos, la crise. ET qu’on pourra lui reprocher d’avoir eu un programme à courte vue.

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