The city and the city. China Mieville

The city and the city, c’est d’abord un polar. Avec tous les codes du polar. Un meurtre. Un flic. Une enquête sur le meurtre. Sauf que. Ce n’est pas un polar comme les autres. Il se déroule non pas dans un seul endroit mais dans deux villes qui se partagent le même espace géographique. Dans le monde imaginé par China Mieville, quelque part en Europe, à l’est, pres des Balkans (la ville, les villes, ne sont jamais précisément localisées) existe un endroit occupé par deux villes. Deux villes assez hostiles, même si elles ne sont pas en guerre. Et il est tabou, même plus que tabou puisque c’est un délit, de voir l’autre ville quand on est dans l’autre. Les habitants des deux villes vivent les uns à côté des autres, mais s’ignorent, s’évisent, selon le terme inventé par l’auteur ; c’est à dire qu’ils évitent de se voir.

Le meurtre dont il est question concerne l’habitante d’une cité mais s’est déroulé sur le territoire de l’autre. De fait, le polar disparait un peu sous l’émerveillement de la découverte de l’univers de l’auteur. Mais, très vite les deux se rejoignent car l’enquête va emmener le flic au coeur de la spécificité du lieu et de son histoire, qui est un mystère y compris pour les autochtones.

Je préfère ne pas en dire plus, peut-être même en ai-je trop dit ! Ce roman est absolument magnifique. Malgré la complexité apparente de l’intrigue, China Mieville ne nous perd jamais et réussit à nous faire entrer progressivement dans ce système kafkaïen. C’est brillant, surréaliste, et paradoxalement crédible. Le lieu recèle en lui la métaphore des grandes séparations de l’histoire (Berlin, le rideau de fer, Israël / Territoires Palestiniens…) mais sans que ce soit pesant ou prétentieux. Le roman peut donner à réfléchir, mais peut aussi être lu juste comme l’excellent polar qu’il est. Pas étonnant qu’il ait écumé les prix (Hugo 2010, Arthur C. Clarke 2010, Locus du meilleur roman de fantasy 2010, British Science Fiction 2009). Un des grands bouquins parus en France cette année, qui donne envie d’aller voir ce que l’auteur britannique a écrit par ailleurs.

Roman traduit de l’Anglais par Nathalie Mège
Paru chez Fleuve Noir


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1 réponse à The city and the city. China Mieville

  1. Phil dit :

    Fini – et rien à dire dee plus ou de différent de toi !
    Sauf que pendant une bonne moitié, je trouvais que le concept extraordinaire (et effectivement suivi de bout en bout par l’auteur – un exploit) n’était peut-être pas assez exploité; dans une histoire qui tenait surtout du polar noir classique (un peu à la « Blade Runner »). Avec les explications et la dernière partie du livre, l’histoire et l’univers se rejoignent très bien.

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