Adieu Libé

Ce matin, ma boîte aux lettres était vide. Pas de Libé. Ce n’était pas un oubli, une erreur ou un jour de grève. C’est moi qui ai mis fin à mon abonnement ! Je peste depuis des mois contre la dérive du quotidien. J’ai repoussé maintes fois ma décision, leur ai laissé de nombreuses chances. Une petite goutte a fait déborder un vase largement trop plein.

Libé, c’est le quotidien qui m’accompagne depuis que ma conscience politique s’est éveillée. Ou peut-être est-ce lui qui a accompagné l’éveil de ma conscience politique ! J’ai commencé à le lire de façon épisodique, parce que mon frère l’achetait, à 14 ou 15 ans, en 1983 ou 1984. Dès 1987, je l’ai acheté souvent, puis, à partir de 1991, tous les jours. Pour finir, depuis 10 ans, j’y suis abonné. Libé et moi, c’est donc une histoire de presque trente ans.

Tirer un trait sur une amitié de trente ans n’est pas facile. Depuis des mois, j’espère ne pas avoir à prendre cette décision. Avec le recul, je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement.

Libé, comme la plupart des journaux, semble devenir principalement la caisse de résonance des instituts de sondage. Les enquêtes d’opinion sont leur principale source d’analyse politique. Avec tous les aléas que cela comporte. Ainsi, en Mai, sur la foi d’un sondage totalement bidon, Libé mettait Hulot en Une et le présentait comme grand favori de la primaire Ecolo.

Récemment, un nouveau pas est franchi avec la Une « 30% n’exclueraient pas de voter le Pen » (Faute incluse sur « exclueraient »  et il faut noter la formulation bancale et maladroite). Ce titre était le reflet d’un sondage (encore…) et résultait d’une interprétation de ce sondage particulièrement fallacieuse. Pour arriver à 30%, il fallait en effet inclure les réponses « Non, probablement pas » à la question « Voteriez vous pour Marine Le Pen ? ». Non content de cette présentation douteuse, Nicolas Demorand (directeur de la rédaction) et le directeur de l’institut de sondage (Via Voice) signent en commun une tribune dans Libé du 23 Janvier pour justifier le choix du titre. Pourquoi associer l’institut de sondage à la justification d’un choix éditorial ? De surcroit pour s’enfoncer dans l’erreur au lieu d’en tirer les leçons !

Alors trop, c’est trop ! Je préfère me passer de cette lecture quotidienne. Les grands quotidiens pleurent depuis des années face à la baisse de leur lectorat sans jamais se remettre en question. Il faut dire que, de plus en plus, ce ne sont pas leurs lecteurs qui les font vivre, mais des subventions distribuées de façon opaque.

Il est temps pour moi de m’informer autrement. Je vais payer ceux qui apportent une vraie valeur ajoutée à l’information (Mediapart, Arrêt sur Images).

Adieu Libé !

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3 réponses à Adieu Libé

  1. The X Phil dit :

    Et le site, alors ? T’as regardé si t’y accédait toujours ?

  2. Cédric dit :

    Je me suis laissé dire qu’une partie de la rédaction allait prochainement organiser une marché silencieuse en ton honneur !

    😉

  3. Phil dit :

    C’est dommage, du coup t’as loupé la super question à Mélenchon aujourd’hui : « Vous avez joui quand vous avez vu le Front de gauche à 9% dans les sondages ? »…

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