Ad Noctum. Ludovic Lamarque et Pierre Portrait

Ad Noctum, n’est ni vraiment un roman, ni vraiment un recueil de nouvelles. c’est un fix-up, c’est à dire un roman constitué de plusieurs nouvelles réunies en un seul ouvrage pour former une histoire cohérente (selon une définition trouvée sur Internet). Autre particularité, c’est un roman écrit à quatre mains (selon l’expression consacrée, expression stupide, vu que tout un chacun écrit avec une seule main ; bref, c’est pour dire qu’il y a deux auteurs !). L’univers de ce fix up est un futur assez lointain (deuxième partie du 21° siècle ?  après ? Les pistes sont brouillées, les dates ne sont pas données), le monde est plongé dans une guerre sino-américaine, et l’économie est dominée par la firme Génikor, œuvrant dans l’ingénierie génétique. Thérapies géniques, clones, hybrides guerriers… On ne peut échapper à Génikor, que ce soit dans la vie quotidienne ou dans le déroulement de la guerre.

Ad Noctum est donc construit sous forme de nouvelles (9 au total), indépendantes mais qui nécessitent d’être lues dans leur ensemble. D’une part, parce qu’on évolue dans le temps au fil des récits, et d’autre part, parce que l’univers des auteurs est distillé par petites touches.

C’est un bouquin plutôt facile d’accès, ce qui est à mettre à l’actif des auteurs parce que leur sujet est assez complexe. L’ensemble est plutôt homogène en terme de qualité, j’ai juste pas été convaincu par l’un des récits « Le cri de la chair« , journal intime à deux voix. J’ai trouvé que la forme prenait le pas sur le fond, et qu’elle manquait de légèreté. On est presque dans l’exercice de style imposé, et ça se sent trop. C’est dommage, l’histoire est originale. A l’inverse, « OK » (récit de soldats survivants au travers du journal de l’un d’eux, présenté en ordre chronologique inversé) et le dernier du livre, « Mes aïeuls » (dans lequel Génikor finit par devenir omniprésent – l’entreprise se confondant avec l’organisation sociale du monde), sont de très haute facture.

Expérience littéraire intéressante et méritante, Ad Noctum manque d’un je ne sais quoi qui aurait fait de ce livre un moment vraiment marquant de lecture. L’écriture est trop lisse, et les thèmes abordés sont, quand même, souvent du déjà-vu. Le potentiel est là, j’espère que les auteurs auront l’occasion de transformer cet essai !

Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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1 réponse à Ad Noctum. Ludovic Lamarque et Pierre Portrait

  1. Encore une très bonne critique, qui reflète parfaitement ma lecture de ce très bon fix-up (puisqu’il s’agit de cela).

    En ce qui concerne l’expression « écriture à quatre mains », je suis d’accord, elle est nulle. Sauf que, à présent, la plupart des écrivains rédigent leurs textes sur l’ordi, donc avec les deux mains…

    A.C.

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