Armageddon Rag. George R. R. Martin

Armageddon Rag est un roman de George R. R. Martin, le célèbre auteur de la série « Le Trône de Fer ». Je n’avais jamais rien lu de cet auteur ! Armageddon Rag est un roman de 1983, que Denoël réédite aujourd’hui dans une nouvelle traduction (sur laquelle je reviendrai…).

L’histoire en quelques mots : L’écrivain Sandy Blair laisse tomber l’écriture de son quatrième roman, qui patine, pour retrouver son métier de journaliste musical, à l’occasion du meurtre de l’impresario d’un groupe mythique de la fin des années 60 et du début des 70: Les Nazgûl. Ce meurtre intervient à la date anniversaire d’un autre meurtre, jamais élucidé, qui a mis fin au groupe : celui du chanteur du groupe à la fin d’un concert en 1971. Au cours de son enquête, Blair retrouve ses amis de l’époque, qu’il a tous perdu de vue, et apprend que les Nazgûl sont sur le point de se reformer, sous l’impulsion d’un personnage étrange…

À la fois enquête sur un meurtre, roman fantastique, et témoignage sur une époque, Armageddon Rag est assez inégal. L’enquête s’éteint à peu près lorsque le roman plonge dans le fantastique, et c’est là qu’il perd de sa force, selon moi. J’ai été enchanté par le début du livre. On y entre rapidement, le rythme est très bon, et l’ambiance du début 80 vu par un trentenaire qui regrette sa jeunesse est très bien campée. Ensuite, ça se gate. Toute la partie « musicale » est ridicule. Les répétitions du groupe qui se reforme sont absolument pas crédibles. Le summum est atteint quand ils songent à inclure dans la set-list de leur concert un morceau d’une vingtaine de minutes sans l’avoir répété. On est dans une imagerie Rock complètement fantasmée, laissant à penser qu’un concert géant n’est pas une machine huilée et millimétrée…  Finalement, le roman trouve un second souffle avec la période de la tournée : il bascule franchement dans le fantastique, dans une ambiance apocalyptique effrénée. Mais la fin est un peu faiblarde, on a le sentiment que l’auteur n’a pas su comment finir… Une fin guimauve après un déluge d’apocalypse, ça colle pas !

Pour moi, le roman vaut surtout pour la réflexion sur ce qui a fait que cette génération de la fin des années 60, qui avait la transformation du Monde au bout de ses doigts, s’est ensuite vautrée dans le costume de la respectabilité et a infiltré les centres de pouvoir, non pas pour les subvertir, mais pour en profiter !

Un mot sur la traduction. Certains points m’ont un peu irrité. Pourquoi, durant tout le roman, s’obstiner à parler d' »indicatif » pour désigner un simple « numéro de téléphone » ? Quant à l’expression « on a cassé » pour dire « on s’est séparés », dans le bouche de trentenaires, ça sonne plutôt faux…

Au final, le bilan est mitigé et surtout laisse un goût un peu frustrant. Il y avait tout pour me plaire dans ce livre, le sujet est génial, mais du bon livre à l’excellent, il y a un pas que George R. R. Martin n’a pas franchi avec ce roman !

Roman traduit de l’Américain par Jean-Pierre Pugi
Paru aux Éditions Denoël

Ce contenu a été publié dans Livres, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Armageddon Rag. George R. R. Martin

  1. Phil dit :

    Ah ben ça m’inspire très moyennement confiance, du coup ! 😀
    (mais on verra bien à la lecture)

  2. Phil dit :

    Bon ben j’ai bien aimé – pas génial en effet, mais on passe un bon moment.
    Par rapport aux défauts que tu soulignes, ça m’a moins gêné, parce que je m’attendais à pire vu ce que tu m’avais dit !
    C’est plutôt la redondance des idées et des thèmes ressassés sans arrêt qui plombe un peu le bouquin pour moi. Sur le « qu’avons-nous fait de nos idéaux », par exemple, il répète quand même 10 fois la même chose à trente pages d’intervalles. Même si c’est intéressant, ça lasse.
    Et la fin est en effet toute molle; autant se dire que ça se termine deux chapitres avant, avec le véritable apocalypse de l’avant-dernier concert.

Les commentaires sont fermés.