Le voyage de Simon Morley. Jack Finney

Le voyage de Simon Morley, de Jack Finney, est paru en 1970 mais n’a trouvé éditeur français qu’en 1993, les éditions Denoël, dans leur défunte collection Présences (celle aux couvertures Bleu Ciel). Puis il a été repris en Lunes d’Encre en 2000, et réédité à nouveau cette année dans la même collection, dans un nouvel écrin, une splendide couverture d’Aurélien Police, la nouvelle star de l’illustration des éditeurs de l’imaginaire !

Le voyage de Simon Morley est une histoire de voyage dans le temps, une sous-catégorie vieille comme le genre (Wells, Barjavel…). Mais ici, point de machine à remonter le temps…

Simon Morley se fait recruter par un organisme étatique secret qui a découvert comment remonter le temps. La théorie est simple. Le passé existe toujours, il est là, à portée de main en quelque sorte, caché par les couches successives des temps qui lui ont succédé. En s’imprégnant du passé dans des lieux spécifiques qui n’ont pas bougé depuis l’époque dans laquelle on veut se projeter, et avec une dose d’auto hypnose, on se transporte réellement dans ce passé. Ainsi, Simon Morley se retrouve dans le New York de 1882. Après de courtes immersions pour s’assurer que la technique fonctionne, il y effectue des séjours plus long pour résoudre une énigme que lui a soumis sa compagne, un mystère lié à sa famille adoptive qui prend naissance par l’envoi d’un courrier, en 1882 justement…

Le voyage de Simon Morley est à la fois un récit classique de voyage dans le temps (on y retrouve les thématiques associés à ces histoire : paradoxes temporels, risques de transformer le présent en influençant le passé, choc des époques pour le voyageur…) mais aussi un récit très original. La méthode du voyage temporel imaginée par Jack Finney nous épargne toute description de machinerie compliquée, et, au fil du récit, le voyage en lui-même passe au second plan. Il devient une évidence et l’auteur ne s’y attarde plus. Il y a aussi l’originalité dans la forme : c’est un roman illustré de photographies et de croquis (censés avoir été réalisés par le narrateur).  Enfin, le voyage temporel est un prétexte pour situer la plupart de l’action en cette fin de XIX° siècle. Et l’auteur ne se prive pas de nous décrire l’époque dans les moindre détails.

Pour le lecteur, l’enjeu se situe là : avoir envie ou non de se laisser porter 130 ans en arrière. Pour ma part, j’ai complètement accroché, et la plume de Finney  (et la qualité de la traduction d’Hélène Collon) m’y ont bien aidé. Dès lors, si l’on accepte d’aller voyager en 1882 avec Simon Morley, le cadeau sera l’accélération de l’enquête et sa résolution dans le dernier tiers du livre. Et la cerise sur le gâteau sera la chute. Pas forcément très originale à bien y réfléchir, mais assez inattendu (pour le grand naïf que je suis).

Le Voyage de Simon Morley est un exemple parmi tant d’autres que la littérature peut être source de plaisir en restant exigeante.

(À signaler : Vingt-quatre ans plus tard, Jack Finney a écrit une suite : Le balancier du temps, qui a manifestement eu beaucoup moins de succès, publié aussi dans la collection Présences, mais jamais  réédité ensuite, même pas en poche !)

Roman traduit de l’Anglais (États-Unis) par Hélène Collon
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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1 réponse à Le voyage de Simon Morley. Jack Finney

  1. Phil dit :

    Je suis à peu près sûr de l’avoir lu dans la première édition, mais j’en ai aucun souvenir !

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