Sunset Park. Paul Auster

Paul Auster a inscrit son dernier roman, Sunset Park, dans l’Amérique post-subprime. Le principal personnage, Miles Heller, a pour profession, au début du roman, de débarrasser les maisons abandonnées par des gens expulsés pour défaut de paiement de leur crédit, en Floride. Quelques mois plus tard, il part vivre à New York, dans une maison abandonnée, qu’il squatte illégalement avec trois amis, ce qui leur permet de vivre à peu près normalement malgré leurs revenus très faibles.
Miles Heller a moins de trente ans mais son histoire est différente de celle de ses compagnons de galère. Il est né dans une famille aisée, son père est un éditeur reconnu. Mais il a tout plaqué, sept ans auparavant, après un drame arrivé au sein de sa famille, et n’a plus aucun contact avec elle. Son retour à New York va être l’occasion pour lui de renouer les fils de son histoire brisée et de tenter de se reconstruire.

Ce roman d’Auster est particulièrement sombre, pessimiste. Pour un temps, l’auteur délaisse la magie de l’imaginaire, qui déboulait souvent au détours de ses précédents romans ; délaisse aussi le loufoque, les histoires improbables ; délaisse aussi le coté expérimental de certains de ses textes. Le récit y gagne en densité. Il y perd un peu en fluidité. L’histoire m’a capté, Auster est un maître en ce qui concerne la peinture de ses personnages, mais je n’ai pas retrouvé le style ciselé de l’auteur. L’impression que j’ai eu est celle d’une écriture moins facile, j’irais même jusqu’à dire un peu plus laborieuse. Je pense que c’est une façon de mettre en harmonie la musique du texte avec sa gravité. Mais, du coup, j’ai moins été en admiration face à l’écriture de l’auteur.

Il n’en reste pas moins que ce texte est un grand roman. Auster dépeint cinq (voire sept) personnages dont le seul point commun est un désespoir à la fois profond et, d’une certaine façon banal. L’occasion pour l’auteur, à travers ces portraits, de faire une peinture sans concession de l’Amérique d’aujourd’hui. Une Amérique dure, minée par une pauvreté rampante, y compris dans la population qui vivait très bien il y a encore une ou deux dizaines d’années. Une Amérique, et, par extension, un Occident, dont on saisit mal l’avenir.

Roman traduit de l’Américain par Pierre Furlan
Paru chez Actes Sud

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1 réponse à Sunset Park. Paul Auster

  1. Phil dit :

    Tout pareil – sauf que j’ai trouvé ça vraiment aussi bon que la plupart de ses romans (sauf les 2-3 qui sortent du lot pour moi, dont le précédent). Je pense par exemple que l’absence de côté expérimental dans l’écriture est en soi une sorte d’expérience. Et la « vision » de l’auteur sur l’Amérique des subprimes (comme tu dis judicieusement) m’a semblé aussi intéressante que celle qu’il nous a offert par le passé sur le terrorisme, par exemple.

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