Le haut lieu. Serge Lehman

On ne présente plus Serge Lehman. Ou plutôt si, présentons-le. C’est un des piliers de la science fiction française, non seulement par ses écrits mais aussi par son apport au genre en terme de réflexion et de promotion (par ses critiques et ses anthologies).

En 2008, Denoël Lunes d’Encre réunissait six de ses textes écrits entre 1991 et 1996 dans un recueil : Le Haut Lieu et autres espaces inhabitables. Un court roman, réécrit pour l’occasion, deux novellas, trois nouvelles.

J’ai pas lu grand chose de cet auteur réputé, et pas depuis longtemps (Aucune étoile aussi lointaine, il y a plus de 10 ans – excellent, d’ailleurs).

Ce recueil est de très haute facture. Sur les six textes, trois sont énormes ! Commençons par celui que j’ai le moins aimé, pour finir sur une bonne note.

Superscience est un texte surement très bon, mais je suis passé totalement à côté pour une raison principale : il fait référence à Metropolis de Fritz Lang, film que je n’ai pas vu. C’est une uchronie dont je n’ai bien compris le point d’inflexion, et là, je ne sais pas si c’est à cause du manque de référence ou d’un manque de discernement (ou bien si c’est pas clair dans le récit). Enfin, et c’est mineur, mais ça m’a quand même gêné, il y a plein de sigles en Allemand, langue dont je ne parle pas trois mots. Oublions, donc.

Je passe aussi rapidement sur deux nouvelles : Le gouffre aux chimères et La chasse aux ombres molles, deux textes courts très bien ficelés mais pas inoubliables.

Passons aux trois textes qui justifient pleinement la lecture de ce recueil (d’autant qu’en nombre de page, ils représentent les 2/3 du total)

Le Haut Lieu au premier chef. Ce court roman, qui ouvre le recueil, est absolument formidable. Au confluent de plusieurs genres, c’est un huis-clos inclassable mais à l’ambiance glaciale, il vous happe dès les premières lignes pour ne plus vous lâcher. Une employée d’agence immobilière fait visiter un somptueux appartement parisien à un riche américain. L’appartement se referme peu à peu sur eux… Claustrophobes s’abstenir. J’ai trouvé dans ce texte des similitudes avec l’ambiance de la série de BD Les Cités Obscures, ce qui est un énorme compliment pour moi.

Continuons avec les comparaisons osées et louangeuses : les deux derniers textes, Origami et La régulation de Richard Mars, m’ont carrément fait penser à Greg Egan, pas moins. Origami est un court texte, de pure SF, qui finit de façon totalement ouverte et inattendue, presque philosophique. Quant à Richard Mars, là aussi de la pure SF, c’est un texte d’une richesse énorme, dont on aurait presque envie de voir l’auteur développer une à une les formidables idées sous forme de récit encore plus long. Il y est question d’évolution, de méta univers et de tas d’autres choses : c’est un grand texte.

Pour être complet, il faut signaler que cet excellent recueil s’ouvre sur une préface de Xavier Mauméjean, et se clôt sur une chrono-bibliographie exhaustive (jusqu’à parution du recueil, of course).

Paru chez Denoël Lunes d’Encre (disponible en poche chez Folio SF)

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1 réponse à Le haut lieu. Serge Lehman

  1. The X Phil dit :

    « il fait référence à Metropolis de Fritz Lang, film que je n’ai pas vu. »
    —> Bouh, la teuhon ! 😀

    (sinon, ça a l’air très bien, ce bouquin).

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