Markus Schleinzer, ancien directeur de casting de Haneke, livre un premier film dans la veine de son ancien employeur.
Le sujet est hyper casse gueule : le film décrit, de façon très factuelle, les derniers mois de séquestration d’un gamin d’une dizaine d’années par un homme trentenaire menant, pour son entourage, une vie d’apparence normale. La séquestration, on le devine, s’accompagne de sévices sexuels.
Le parti pris du réalisateur, c’est de montrer la réalité froide (sans voyeurisme malsain), nue, de l’horreur quotidienne. C’est à travers le quotidien du kidnappeur que l’on comprend à quel point il est détraqué. C’est à travers son quotidien que l’on comprend le pouvoir et l’emprise qu’il a sur le gamin. L’horreur se niche dans sa routine, dans ses détails, dans son organisation sans faille, réfléchie, mesurée, pesée qui lui permet de ne pas laisser filtrer le moindre soupçon.
Mais la perfection (y compris dans l’horreur) n’étant pas de ce monde, des grains de sable vont se glisser dans l’organisation sans faille. Parallèlement, le fait que le kidnappeur en vienne à oublier (ou nier) qu’il a un être humain en face de lui va se retourner contre lui : on sent inexorablement la violence du gamin monter, jusqu’à son paroxysme.
L’interprétation (autant l’adulte, Michael Fuith, que l’enfant) est remarquable, la réalisation sobre. Le film emploie, selon moi, le seul ton possible. Devant la négation d’humanité que représente le personnage du kidnappeur, nul besoin de violons, de pathos, d’explication, ni même de jugement lourd et appuyé. La vérité suffit. Vérité peu recevable dans notre société actuelle, manifestement, vu les sifflets du public qui ont accueilli le film à Cannes. Pas très étonnant.
À voir, y compris, surtout même, si le sujet dérange. Se fermer les yeux n’a jamais fait disparaître la réalité.
T’aimes te faire du mal en ce moment, entre ça et le film sud-africain !
Sauf que c’est un meilleur film que le film Sud Africain (Beauty)