Berazachussets. Leandro Ávalos Blacha

Berazachussets est le second roman de l’auteur Argentin Leandro Ávalos Blacha (son premier n’est pas paru en France). Il se situe de nos jours, dans une Argentine fantasmée, où, comme l’explique la traductrice en postface, les noms de lieux sont à la fois proches de lieux réels mais introuvables sur une carte. C’est, à bien y réfléchir, le roman le plus déjanté que j’ai jamais lu. Le personnage central est une Zombie, c’est déjà pas banal. On ne sait pas comment elle atterrit ici, ni pourquoi, et, en fait, on s’en moque. Elle va croiser dans ses errances, un ancien maire complètement verreux, un quatuor de retraités de l’Education Nationale assez peu politiquement correctes, des pingouins, des gosses de riches occupant leurs loisirs en tournant des vidéos pornos amateurs trash, une armée d’handicapés menée par une gamine en fauteuil roulant peu sympathique, j’en oublie sûrement.

Ça va à 200 à l’heure, il y a pas le temps de s’attarder sur la psychologie des personnages, ce qui ne les empêche pas d’être parfaitement campés et incarnés (quoique ce terme n’est pas forcément idoine pour une Zombie !). L’irruption de la zombie dans ce monde complètement foutraque, mais qui semble fonctionner à peu près, va être l’étincelle menant à l’explosion.

La ville de Berazachussetts est une allégorie de la société argentine d’aujourd’hui, mais  le lecteur d’Europe Occidentale ne sera pas totalement dépaysé. Corruption, charity business, société du spectacle, l’auteur n’épargne rien ni personne (et surtout pas ses personnages), mais sans se placer en donneur de leçons. Il dézingue à vue, et chacun s’en fera l’idée qu’il souhaite. On peut même y voir une farce loufoque sans lien avec le réel si l’on veut vraiment.

À la fois court (185 pages) et au rythme endiablé, ce livre se lit très vite. Mais le tour de force est d’avoir réussi à écrire un roman marquant, qu’on n’oublie pas sitôt refermé, tout aussi drôle qu’attachant. Encore une belle découverte des éditions Asphalte (petit disclaimer : je connais bien l’une des deux fondatrices de cette maison d’édition. Cela n’enlève rien à ma capacité de jugement !)

Roman traduit de l’Espagnol (Argentine) par Hélène Serrano
Paru chez Asphalte Editions

www.asphalte-editions.com

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