L’histoire de ce livre débute il y a un peu plus d’un an. Daniel Schneidermann diffuse tous les matins une newsletter, le neuf-quinze (à 9h15 !), billet d’humeur sur l’actualité de jour. Durant plusieurs jours d’affilées, il s’est placé dans la posture d’un envoyé spécial dans un pays imaginaire, le Sarkozistan, et a commenté avec sarcasme et ironie l’actualité judiciaire de ce pays, qui ressemble furieusement au nôtre (on est en pleine affaire Bettancourt). En Novembre 2010, il a eu l’idée de réunir ces chroniques dans un ouvrage, Crise au Sarkozistan, diffusé en dehors du circuit classique du livre, par www.lepublieur.com. Le succès est inattendu. Le premier mois, il s’en vend 18 000 (je ne connais pas le résultat final des ventes), et contribue à diversifier les ressources du site Arrêt sur Images, site d’information dédié à la critique des médias.
Un an plus tard, Schneidermann imagine que le même journaliste obtienne une interview de Nicolas Sarkozy. Et cela donne l’Interview impossible, distribué par le même canal.
Très vite cependant, il s’éloigne du ton volontairement pamphlétaire du premier ouvrage. Et cela devient une interview imaginaire de Nicolas Sarkozy par Daniel Schneidermann. Les question sont féroces et sans concession, et les réponses imaginaires sont inspirées par l’analyse du discours du président que fait, semaine après semaine, Arrêt sur Images. Tout y passe : les affaires, la façon de gouverner, le rapport à l’argent, le rapport aux médias, les temps forts du quinquennat, la stratégie pour 2012. Schneidermann trouve le ton juste parce qu’il imagine une interview très musclée avec un Sarkozy qui la considèrerait comme un challenge, et on retrouve les accents des conférences de presse du Président, voire des coups de gueule qui ont filtré, comme les images volées de son énervement lors d’un passage sur France 3 qui l’avait incommodé. Le rapport de force imaginaire fait plus vrai que nature, et on referme le livre avec l’étrange impression d’avoir lu une vraie interview, à la réserve près (et c’est aussi un des propos implicites du livre), que jamais un journaliste français ne poserait de questions aussi pertinentes, et que jamais le président ne se prêterait à une telle interview.
Bien évidemment, c’est assez peu flatteur pour Nicolas Sarkozy, mais ça en dit plus que bien des éditoriaux que l’on peut lire chaque jour dans la presse, et c’est écrit avec beaucoup de finesse, pour trouver le ton exact. Ça m’a véritablement bluffé.
Qui aime bien, châtie bien : l’auto-publication, c’est sympathique, mais ça n’empêche pas une typographie correcte. Dans tout le livre, les « œ » sont orthographiés « øe ». Voilà, c’est dit !
Publié par le site Arrêt sur images
Distribué par www.lepublieur.com
Ah, ça y est, DS a abandonné l’idée de faire croire que c’était pas forcément lui, l’envoyé spécial au Sarkozistan ?
C’est pas si simple. Il me semble l’expliquer dans le billet. Pour préciser, ce n’est pas explicitement dit. Mais c’est un fait.