Voilà le retour de la TVA sociale, et avec elle, une grande tradition française : l’écran de fumée ! Depuis deux jours, c’est à peu près le seul sujet dont on parle, sans même savoir quelles seront les modalités de cette mesure. Or, contrairement à ce qu’a dit ce soir Xavier Bertrand (qui était contre la mesure avant de devenir pour), les modalités d’application ne sont pas accessoires !
C’est quoi cette TVA sociale ? Une baisse des cotisations sociales compensée par une hausse de la TVA. Jusque là, c’est clair, sauf qu’un énorme flou est entretenu : parle-t-on des cotisations patronales ou salariales ?
En revanche, sur les effets de la mesure, on nous promet le miracle : réindustrialisation, relocalisation, pénalisation des produits importés, baisse du coût du travail et hausse de salaire.
La mécanique (théorique) de la mesure est la suivante : si les cotisations patronales baissent, le coût du travail baisse, le prix (hors taxe) des biens produits en France baisse et, après application de la TVA, les produits français deviennent plus compétitifs que les produits étrangers qui eux, sont impactés totalement par la hausse de la TVA.
C’est une jolie fable, qui fait complètement l’impasse sur la baisse de pouvoir d’achat qu’elle implique. En effet, la baisse des cotisations patronales ne va absolument pas changer le niveau des salaires. Il s’agit donc d’un transfert intégral du financement de la protection sociale des entreprises vers les ménages ! Pour quelqu’un qui voulait ne pas augmenter les impôts, c’est trop fort ! C’est là qu’intervient l’enfumage : Bertrand dit qu’il va proposer que la baisse intervienne sur les cotisations patronales ET salariales, ce qui fera augmenter le salaire direct… Super, sauf que dans ce cas là, la baisse du coût du travail n’est que partielle.
Faire croire aux gens qu’on va à la fois baisser le coût du travail, redonner de la compétitivité aux produits français et augmenter les salaires directs pour compenser la hausse de la TVA est une véritable imposture.
La seule certitude, ça va être la hausse des prix. Tout le reste est hypothèse. Le risque est que les entreprises ne baissent pas les prix des produits et augmentent leurs marges, permettant pour certaines d’entre elles de mieux rémunérer leurs actionnaires. Il y a un précédent : la baisse de la TVA sur la restauration. Elle devait à la fois créer de l’emploi, permettre d’augmenter les salaires et faire baisser le prix des menus. Il y a eu peu d’emplois créés, les salaires n’ont pas bougé, et les prix n’ont pas changé (en revanche, la hausse de la TVA de 5,5% à 7% sera, elle, répercutée).
Il aurait dû y avoir un heureux à gauche (enfin, à gauche, c’est vite dit) : Manuel Valls, défendeur de la mesure pendant la campagne des primaires. Mais voilà, cet homme de conviction est entre temps devenu Responsable de la communication du candidat François Hollande. Il est, du coup, devenu contre la mesure…
A suivre !