Tau Zero. Poul Anderson

Tau Zero est paru aux Etats Unis il y a quarante deux ans. Poul Anderson, son auteur, est loin d’être un inconnu. Pourtant, Tau Zero n’avait jamais été traduit. Le Bélial, éditeur qui n’en est pas à son premier fait d’armes (intégrales des nouvelles de Greg Egan ; Zendegi, du même Egan ; l’intégrale de la patrouille du Temps de Poul Anderson ; le cycle des Xeelees de Stephen Baxter, pour ne citer que des choses assez récentes qui m’intéressent) répare cet injustice.

Tau Zero est le récit d’un voyage interstellaire, effectué par cinquante colons, à parité homme/femme, vers l’étoile Beta Virginis, dans le but de coloniser une planète habitable de cette étoile. Mais un incident au cours de leur parcours va les détourner de leur mission et la transformer en le plus incroyable voyage jamais effectué par l’humanité, et on peut dire sans risque qu’il ne sera jamais dépassé, ni même égalé (je vous laisse la surprise de découvrir pourquoi) !

Tau Zero est un roman de hard-science, cependant très accessible, à partir du moment où l’on a capté le paradoxe des jumeaux de Langevin, qui découle de la loi de relativité. Dans mon jeune temps, on étudiait ça en terminale scientifique, je sais pas si c’est encore le cas, mais même sans rien comprendre aux équations d’Einstein, c’est tout à fait simple à saisir, et ça a été utilisé de nombreuses fois en SF (par exemple dans La Planète des Singes).

La grande force de Tau Zero, c’est que c’est avant tout un roman d’aventure captivant, plutôt épuré (250 pages), et dont les perspectives finales donnent carrément le tournis.

Si l’on veut chipoter un peu (j’aime bien), on peut dire que les personnages n’ont pas une psychologie très fouillée, et que parfois, les explications scientifiques ne s’intègrent pas super bien au récit : ils font un peu « conférence ».

Mais ces menues réserves n’enlèvent rien au plaisir de lecture. L’attente de quarante ans valait la peine !

Le roman est complété d’une très belle préface du traducteur (j’aime beaucoup sa phrase : ≪Mais il nous arrive avec quarante ans de retard (…) et il n’est pas nécessaire de signaler que l’univers qu’il décrit peut être rangé dans la catégorie des « futurs d’antan »≫, pour expliquer le futur imaginé sans écran plat, téléphone mobile et internet) ; ainsi que d’une postface de l’astrophysicien Roland Lehoucq, qui revient en détail sur les bases scientifiques du roman.

Roman traduit de l’Anglais (États-Unis) par Jean-Daniel Brèque
Paru aux Éditions Le Bélial

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3 réponses à Tau Zero. Poul Anderson

  1. Phil dit :

    Tiens, faudra que je demande à Damien si ça lui parle, le paradoxe de Langevin (ou de guetter si on lui en parle l’année prochaine) !
    (pour ma part, ça me dit rien – cmme on a été en terminale à pas longtemps d’intervalle, je suppose que c’est parce que j’ai fait une « scientifique pour les nuls » – terminal D…)

    • Cyrille dit :

      Pas longtemps après mais quand même suffisamment pour qu’ils sucrent la relativité en terminale. Ou alors, c’était que pour les C. J’avais des copains en D la même année que moi, je leur demanderai.

  2. Phil dit :

    Bonne explication dans la critique (dithyrambique !) du livre dans Bifrost, sur le retard de traduction. Comme quoi Anderson a été catalogué « auteur de droite » en France au début des années 70 par la « majorité SF de gauche » de notre pays; et plongé dans une oubliette dont il a mis longtemps à sortir…

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