A l’occasion de la sortie prochaine de Vortex, j’ai voulu relire Spin et Axis, pour avoir une idée fraîche des deux premiers tomes de cette trilogie de Robert Charles Wilson, l’un de mes auteurs favoris. Je n’aime pas lire les séries en laissant un long temps entre les tomes, et, en général, j’achète les tomes au fur et à mesure mais n’en commence la lecture qu’à la parution du dernier volume. En l’occurrence, j’avais fait une exception pour deux raisons : 1 – lorsque Spin est paru, je ne savais pas que c’était le premier tome d’une série (il se dit que l’auteur lui même ne le savait pas !) et 2 – j’aime beaucoup Robert Charles Wilson, et il m’aurait été difficile d’attendre cinq ans !
Tout a probablement été écrit sur Spin, je ne vais probablement pas être original, mais je veux quand même écrire à quel point cela a été un plaisir immense de relire ce roman. Spin est le plus grand succès de la collection Lunes d’Encre, et, depuis sa sortie en Folio SF, ce succès s’est encore amplifié. A la deuxième lecture, j’avoue être perplexe face à cet énorme succès. Non pas que je le trouve immérité, bien au contraire. Mais enfin, on est tous persuadé que la SF ne peut pas se vendre, que c’est une littérature confiné dans une niche étroite, et qu’a-t-on là ? Un roman de pure SF. Avec des extra terrestres, des maladies inconnues, la terraformation de Mars, de la prospective scientifique basée sur des concepts pas évidents à assimiler… Il y a un mystère Spin. Une alchimie qui fait que ce livre, comme par magie, efface les barrières mentales de tout un tas de gens et trouve un lectorat nombreux, y compris chez des gens qui ne lisent jamais de Science Fiction. J’avais expérimenté ce mystère en parlant de ce livre à des amis, et en leur donnant l’envie de le lire (ils n’étaient pas lecteurs de SF). Et ils avaient aimé. Et ils n’ont eu aucune envie d’acheter Axis !!!!! C’est étonnant.
Incapable de percer ce mystère, je peux quand même expliquer pourquoi moi, j’ai aimé ce livre énormément. D’abord, il y a les personnages. Diane et Jason, les jumeaux, et Tyler, leur ami. Ils sont tous les trois attachants, jusque dans leur faiblesse, parfois même leur lâcheté. Ensuite, et ça ne fait que renforcer le mystère évoqué plus haut, il y a cette histoire de SF comme on en voit plus beaucoup. Elle fait résonner en moi les émotions du petit garçon qui lit On a marché sur La Lune, par exemple. Et puis, comme toujours chez Wilson, c’est un récit solide, bien écrit. La construction narrative est sur deux axes temporels qui finissent par se rejoindre, ce qui favorise la lecture addictive : on devine à peu près ce qu’il advient des personnages, mais on a aucune idée de la façon dont ça peut leur arriver. Et on veut savoir !
Bien que devenu le premier volet d’une trilogie, Spin se suffit à lui même. Il laisse des questions ouvertes, qui se résoudront dans les deux volumes suivants, mais le récit principal lui, se termine, et les deux autres volumes (enfin, en tout cas, Axis, pour ce que j’en sais) mettront en scène d’autres personnages.
Alors voilà, il doit encore rester des gens qui n’ont pas lu Spin. Ils savent ce qui leur reste à faire. Et les autres, ceux dont le seul roman de SF qu’ils aient lu depuis des années est Spin, qu’ils essayent d’en lire d’autres ! Wilson a écrit d’autres romans tout à fait formidables (mon favori étant Blind Lake, mais chacun trouvera son préféré selon ses goûts !).
Roman traduit de l’Anglais (Canada) par Gilles Goullet
Paru chez Denoël Lunes d’Encre (en poche chez Folio SF)
Moi aussi je sais ce qui me reste à faire, maintenant que tu m’as donné envie de relire cette merveille ! Vais probablement m’enquiller les 3 à la suite début septembre…
(quoique :vais commencer Coalescence de Baxter, vais ptet devoir lire les deux autres avant Wilson).
Je pense que le succès de « Spin » tient à ses personnages. Wilson arrive à conjuguer les codes de la SF à ceux du drame « normal » (si je puis dire ainsi). Le non-lecteur de SF est alors en quelque sorte en terrain connu, il peut se retrouver dans la partie humaine de l’histoire, et intègre ainsi peut-être plus facilement la dimension SF de celle-ci. C’est que l’histoire des jumeaux et de leur ami pourrait exister en dehors du contexte du Spin, et le fait de s’attacher à eux aide à avancer.
D’où le « non »-succès d' »Axis » je pense: on ne retrouve pas cet enjeu humain. Certes, il y a quelques lignes directrices « attachantes », mais pas au point de « Spin », qui, d’ailleurs, se termine assez pour ne pas donner envie au lecteur de recommencer ailleurs avec d’autres personnages…
Enfin, c’est juste une théorie ^_^.
A laquelle je souscrit tout à fait !