La Maison des Derviches. Ian McDonald

En refermant La Maison des Derviches, le dernier roman d’Ian McDonald qui vient de paraître chez Lunes d’Encre, je me suis fait la réflexion que ça faisait un bail que je m’étais pas pris une telle claque en lisant un bouquin de SF.

Je suis pas un inconditionnel d’Ian McDonald. J’ai bien aimé Necroville et Desolation Road, lus il y a plus de dix ans, mais Roi du Matin, Reine du Jour m’a laissé un goût mitigé : des moments sublimes, mais il manquait quelque chose pour en faire un chef d’œuvre. Quant au Fleuve des Dieux, il m’est quasiment tombé des mains. Pas inintéressant, mais truffé de mots indiens non traduits qui rendent sa lecture franchement pénible.

La Maison des Derviches est aussi dense que Le Fleuve de Dieux, mais se lit bien plus aisément. Attention, plus aisément, mais c’est une lecture exigeante quand même : McDonald passe du présent au passé sans prévenir, et il faut s’accrocher pour suivre. Mais ça fonctionne super bien.

Le parallèle avec Le Fleuve des Dieux n’est pas innocent, puisque, avec ce dernier et Brasyl (que je n’ai pas lu), La Maison des Derviches forme un triptyque qu’on pourrait appeler « Histoire du XXI° siècle ». Les trois romans sont en effet situés dans un futur proche, en trois endroits du monde (Inde, Brésil, Turquie).

C’est donc dans une Turquie du futur que nous amène La Maison des Derviches. Une Turquie qui est récemment entrée dans l’Union Européenne. Mc Donald nous fait suivre, pendant cinq jours, l’histoire de plusieurs personnages après un attentat suicide dans un tramway, qui ne fait pas d’autre victime que la kamikaze. Le point commun des protagonistes du roman, c’est d’habiter dans une ancienne maison de Derviches, réhabilitée en logements. Cinq jours à deux cents à l’heure, où l’on voit une galeriste partir à la chasse à un mythique Homme Mellifié (momie conservée dans le miel) ; un gamin surdoué suivre la trace de terroristes grâce à ses jouets-robots ; un trader tenter le coup du siècle en vendant du gaz sous embargo avec un profit faramineux ; entre autres !

Les récits s’entremêlent avec précision, et l’on arrive à les suivre aisément (c’est ce qui m’avait le plus dérangé dans Le Fleuve des Dieux, je mélangeait tout !). Les personnages sont attachants. Et tout ça dans un décor hyper réaliste : on croit parfaitement au futur de McDonald, qu’il arrive à nous rendre réel et précis, sans nous abrutir de détails.

La Maison des Derviches ne se lit pas en deux heures (ce qui est plutôt une bonne chose), la lecture de ce roman est une aventure assez longue, mais, en arrivant au bout, on a tendance à en redemander.

Pour achever de me le rendre sympathique, il est fait allusion vers la fin à l’un des dessins animés préférés de mon enfance, Shazam, dont je pensais être le seul à me souvenir.

Au fond, je me demande si ça ne vaudrait aps le coup que je relise Le Fleuve des Dieux, pour voir si je suis pas passé à côté d’un truc aussi énorme que ce roman-là.

La Maison des Derviches est vraiment un événement de cette rentrée littéraire, à ne louper sous aucun prétexte. (Je me demande si c’est pas lui que j’aurais choisi en « Lunes d’Encre favori », si je l’avais lu plus tôt !)

Roman traduit de l’Anglais (Irlande) par Jean-Pierre Pugi
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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4 réponses à La Maison des Derviches. Ian McDonald

  1. Phil dit :

    Je termine le dossier sur Mac Donald dans Bifrost – et c’est clair qu’il en ressort l’impression d’un auteur particulièrement ardu (mains intéressant). Jamais lu; vais commencer par « Desolation Road » avant d’attaquer celui-là (et tenterai peut-êre « Le Fleuve des Dieux » aussi).

    (et me souviens de Shazam aussi ! :))

  2. Claire dit :

    Desolation Road est probablement l’un de mes romans de SF préférés ! Je tourne autour de La Maison des Derviches depuis sa sortie, c’est évident que je vais finir par me laisser tenter, mais va savoir quand je pourrai le lire…

  3. Cédric dit :

    D’où les « derviches tourneurs » …

  4. Lorhkan dit :

    Je crois que je deviens fan de McDonald depuis « Le fleuve des dieux ». « La maison des derviches » va rapidement venir garnir ma bibliothèque… 😉

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