Le psychodrame mascaradisant (à moins que ce ne soit une mascarade psychodramatisante – vive les néologismes) de l’UMP est assez rarement analysé sous l’angle du vide idéologie de la droite française. Pourtant, c’est selon moi le ressort principal de l’affaire. Alors qu’un parti politique est censé être un lieu de propositions (a fortiori au lendemain d’une défaite électorale majeure), ces messieurs n’ont rien trouvé de plus urgent que de comparer la taille de leur bite, rangeant le débat idéologique au magasin des accessoires. Il serait assez imprudent de croire que cette crise des idées soit circonscrite à l’hémisphère droit de l’échiquier politique français (et là, on me dira, à raison, qu’un échiquier est rarement sphérique !). La pauvreté des idées inonde la politique française. Avec l’adhésion du gouvernement socialiste à la politique économique de l’offre, depuis la traduction en actes du rapport Gallois, on pourrait avoir au gouvernement une coalition regroupant les deux-tiers du PS, le MODEM, l’UDI, et les trois-quarts de l’UMP, sans que ce soit une hérésie en terme de compatibilité des programmes. Politique économique, politique de l’énergie (nucléaire, et, ne nous faisons pas d’illusions, gaz de schiste très bientôt), recherche de la sacro sainte croissance, austérité, diminution des dépenses publiques, où sont les différences ? Dans les faits, je veux dire ? Ah oui, l’affichage est différent. Hollande nous a fait croire qu’il allait changer le monde (quel blagueur, ce Hollande), mais recule de jour en jour (il se dit ici et là que la réforme bancaire sera une fumisterie ; on ne cesse de discuter d’une éventuelle réforme constitutionnelle qui, parions-le, aboutira à une réformette ; sans parler de Florange, Notre Dame des Landes (priez pour eux), etc, etc. ). Quant à l’UMP, elle nous annonce comme réforme majeure la suppression des 35 heures, qu’ils ont eu l’occasion de faire ces dix dernières années sans jamais s’y risquer. L’abolition des 35 heures, c’est le chiffon rouge de la droite, comme l’est le vote des étrangers à gauche. On chauffe les militants avec pendant les campagnes électorales, puis on l’oublie bien vite une fois arrivé au pouvoir.
L’affichage est donc légèrement différent, disais-je. Mais le fond est le même. Le seul truc qui les intéresse, c’est la place, parce qu’elle doit être sacrément bonne. Une fois le pouvoir capté, on se contente d’appliquer les vieilles recettes, toujours les mêmes. Par lâcheté. Par manque d’imagination. Par incompétence aussi. Et parce qu’au fond, cette majorité idéologique dont je parle plus haut, elle sort du même moule. Valls, Strauss Kahn, Hollande, Kouchner, Sarkozy, Borloo, Fillon, Copé (complétez la liste) sont des marionnettes aux visages interchangeables. Sarko nous vantait la méritocratie française… On la voit pas venir. En revanche, la médiocratie, on y a droit sans relâche depuis des décennies.
En tant que citoyens, nous ne sommes pas moins médiocres qu’eux, bien évidemment. Depuis quand ne sommes-nous plus révoltés par l’institutionnalisation des Restos du coeur (donc par l’acceptation de la pauvreté), par la mise en jachère des banlieues, par la financiarisation de l’économie, par la politique de gribouille en matière d’environnement ?
Mais quand même, que font-ils de leur cerveau (qu’on dit plutôt bien rempli), ces surdiplômés de l’ENA, de Science Po, et autres grandes écoles portées au pinacle ? A part attendre la prochaine période mythique de croissance, je veux dire ? Et pour en faire quoi, d’ailleurs ? La même chose que toujours, c’est à dire pas grand chose ? Eux, en tout cas, sont bien incapables de nous l’expliquer. Parce que je crois qu’ils n’en savent rien.
Nos politiques respectent à la lettre le précepte de Oscar Wilde : La meilleure façon de résister à la tentation d’user et d’abuser du pouvoir, c’est d’y céder.
Sinon, je suis ravi que l’on soit encore une fois d’accord (même si ça devient lassant à force) : un échiquier n’est pas sphérique 😉
Ah , c’est sûr qu’avec un tel manque d’imagination, on est pas avancés ! 🙂
T’es censé pas lire, toi, cette semaine !
M’en parle pas, je suis en train de mettre des trucs de côté pour lire ce week end; et j’ai pas touché une page de roman depuis dimanche, ni rien… C’est pas une ou deux toutes petites « tricheries » qui changent grand-chose ! 🙂 (et je lis pas ton post sur le livre d’Anne-Sophie).