Jackpots. Robert Heinlein

Le recueil de nouvelles Jackpots, de Robert Heinlein, trainait sur mes étagères depuis un peu plus d’un an. À dire vrai, je ne l’ai pas acheté. Les éditions ActuSf me l’ont offert l’an passé parce qu’ils n’avaient pas pu me faire dédicacer mon exemplaire de l’anthologie Utopiales 2011. Plutôt sympa de leur part ! C’est en ouvrant ce petit recueil de quatre nouvelles, dont une inédite, que je me suis souvenu combien j’avais été marqué par Heinlein quand j’étais gamin. Une porte sur l’été est l’un des premiers livres de Science Fiction que j’ai lu, et j’ai devant moi l’exemplaire que j’avais acheté d’occasion à l’époque, un J’ai Lu de 1973 dont la tranche est toute passée à force d’exposition à la lumière ! Pour être honnête, je n’ai pas trop envie de m’amuser à relire ce roman, de peur d’être déçu, mais c’est baigné dans ce souvenir que j’ai entamé la lecture de Jackpots.

Et j’ai été cueilli par le plaisir que j’éprouvais. Certes, c’est désuet. Certes l’écriture de Heinlein n’est pas celle de Marcel Proust. Mais quelle force dans ces textes !

La palme revient selon moi à Solution non satisfaisante, un texte de 1941 sur le risque nucléaire (militaire) absolument magistral. C’est visionnaire, et pose de façon très claire les enjeux d’une humanité en possession d’une arme qui lui donne la capacité d’auto destruction. Bien entendu, la réalité n’a pas correspondu au futur imaginé par Heinlein (et heureusement !), mais certains pans de la réflexion d’Heinlein demeurent tout à fait actuels.

La création a pris huit jours est aussi très bon. Et si, pour une intelligence largement supérieure à la notre, nous étions aussi intéressant que le sont des poissons rouges pour nous ? C’est un texte de 1942 et qui pourtant n’a pas beaucoup vieilli.

Sous le poids des responsabilités, le texte qui ouvre le recueil, qui parle de voyage dans le système solaire, est pour le coup plus désuet pour un lecteur de 2012, parce qu’en cinquante ans – le texte date de 1953, la technique a quand même fait un sacré bon ! Ce désuet a aussi un charme, mais le texte est pour le coup moins fort que les deux déjà cités.

Enfin, Une année faste clôt le recueil. c’est le texte le plus léger. Ça traite pourtant de fin du monde (c’est d’actualité, parait-il) mais avec une certaine ironie.

Au final, ce qui était pour moi au départ une lecture récréative entre deux morceaux plus conséquents, m’a plutôt marqué, au point d’avoir envoie d’en faire un billet ici même !

(Pour aller plus loin avec Heinlein, on pourra aussi lire, ou relire, le Bifrost n°57 consacré à l’auteur)

Nouvelles traduits de l’Anglais (Américain) par Jean-Pierre Pugi / Eric Picholle / Aurélie Villers
Paru aux Éditions ActuSF

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