Accrétion. Stephen Baxter

Accrétion est le dernier roman du Cycle des Xeelees, de Stephen Baxter. Il vient de paraître aux Editions du Bélial. En VO, il a été publié en 1994, soit trois ans après Gravité, le premier tome du cycle, mais je pense que celui ci a été écrit bien avant. Je ne peux imaginer qu’en trois ans seulement, la plume de Baxter ait pris une telle maturité.

A dire vrai, lorsqu’on voit le nombre de daubes publiées chaque année, on ne peut que s’étonner que ce roman (comme le précédent, Flux) soit resté sans éditeur en France pendant presque vingt ans, d’autant qu’entre temps, Baxter s’est quand même fait un nom dans notre pays.

Accrétion est encore un cran au dessus de Flux, que j’avais déjà bien aimé (voir mon billet ici). Baxter nous amène dans un voyage d’une durée (cinq millions d’années dans le futur) et d’une distance (des centaines de millions d’années-lumière) époustouflantes.

Résumé, si tant est que ce soit possible : En l’an 3951, l’humanité se rend compte que le Soleil fonctionne de façon anormale : sa durée de vie théorique de plusieurs milliards d’années semble devoir se réduite à quelques millions d’années. Plusieurs énormes projets sont lancés pour comprendre le problème et essayer de trouver une solution. On envoie une Intelligence Artificielle en observation au coeur du soleil. Et un vaisseau spatial gigantesque est envoyé cinq millions d’années dans le futur, en effectuant un voyage de mille ans à travers un « trou de vers », une anomalie de l’espace temps. Mais sur de telles périodes, difficile de maintenait le cap, malgré les traitements anti-sénescences qui ont allongé notablement la durée de vie des humains…

Baxter nous entraîne dans ce voyage improbable avec une aisance déconcertante : on y croit, et il arrive à nous faire partager son enthousiasme et son émerveillement. Il déploie un réel talent de vulgarisation, en arrivant à expliquer des notions vraiment complexes. Je pense, d’ailleurs malgré son talent, être passé à côté d’un certain nombre d’entre elles, mais le fait de ne pas tout comprendre au niveau scientifique ne nuit ni à la compréhension de l’intrigue, ni au plaisir de lecture. Car Baxter s’attache avant tout à l’aventure humaine. Disparues les maladresses des deux premiers tomes du cycle : les personnages sont bien campés et ont une épaisseur psychologique certaine. Baxter, comme je le dis plus haut, en a fini avec ses gammes et maîtrise son art.

Bon, bien sûr, si la perspective d’un voyage au delà de la galaxie ne vous excite pas plus que ça, vous serez difficilement accroché par le roman. Mais Stephen Baxter est quand même un maître lorsqu’il s’agit de faire naître de l’émerveillement chez son lecteur.

Comme les trois premiers tomes du cycle des Xeelees, Accrétion peut se lire indépendamment. Il apporte, ceci dit, pour ceux qui ont lu les autres tomes, toutes les réponses aux questions que ceux ci pouvaient soulever, bouclant ainsi le cycle de façon vraiment astucieuse, et, encore une fois, avec une grande maîtrise.

Un recueil de nouvelles (Vaccuum Diagrams, en VO – Le Bélial l’annonce à paraître sous le titre Schémas du vide, que j’espère provisoire 🙂 ) est relié à ce cycle.

Un dernier mot : je trouve la couverture, illustrée par Manchu, absolument magnifique. Un bel écrin ne gâche rien !

Roman traduit de l’Anglais par Laurent Philibert-Caillat
Paru aux Éditions Le Bélial

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