Les actes, c’est maintenant

Depuis des mois, je pense que les différents gouvernements qui se succèdent depuis une grosse dizaine d’années à la tête de la France sont tétanisés par le fait qu’une grosse tuile leur tombe sur le coin de la gueule. Et des grosses tuiles possibles, il y en un paquet : éclatement du système financier, crise énergétique majeure, crise climatique… Du coup, leur obsession est de colmater les fuites pour tenir en essayant de repousser la crise éventuelle et qu’elle frappe leur successeur. La conséquence la plus évidente est l’obstination quasi-maladive d’appliquer des remèdes connus aux grands problèmes auxquels ils sont confrontés, alors même que ces remèdes ont déjà tous échoué : compression des dépenses pour tenter de rétablir l’équilibre budgétaire ; politique de la demande pour résoudre le chômage ; « l’Europe, l’Europe, l’Europe » comme mantra numéro un ; « la croissance, la croissance, la croissance » en deuxième place au Top 50.

Pas de chance pour François Hollande, la tuile est venue de là où on ne l’attendait pas : l’affaire Cahuzac est en train d’ébranler la république.

Et bien oui, pas de bol, c’est tombé sur toi, François. Mais, en fait, est-ce vraiment une surprise ? Depuis vingt ans, de commission en commission, les rapports sur l’évasion fiscale, la lutte contre les conflits d’intérêts, la transparence de la vie publique s’entassent. Sans aucun effet.

Alors maintenant, la crise est là. Il n’est plus temps pour les discours, il n’est plus temps pour la communication, le temps du courage et des actes est venu.

Comment accepter encore une minute que chaque parlementaire dispose à discrétion d’une somme mensuelle importante, sans que l’on connaisse l’utilisation qu’il en fait ?

Comment accepter encore une minute que les députés socialistes ont accepté l’investiture de leur parti en contrepartie de mettre fin à leur propre cumul des mandats dans les six mois suivant leur élection, et qu’à ce jour, moins de la moitié l’ait fait ?

Comment accepter la loi bancaire petit bras qui a été votée alors qu’au Bourget, en pleine campagne électorale, François Hollande déclarait « Mon ennemi, c’est la finance » ?

Comment accepter qu’aucune loi, en 2012, n’encadre les conflits d’intérêts ? Comment un membre du cabinet de Claude Evin, ministre de la Santé, en 91, peut il devenir consultant auprès des labos pharmaceutiques en 93, puis devenir député, président de la commission des finances à l’assemblée, puis ministre quelques années après ?  (Je parle bien sûr de Jérôme Cahuzac.)

Du courage, et des actes. C’est au fond assez simple…

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2 réponses à Les actes, c’est maintenant

  1. Cédric dit :

    T’estimes à combien « moins de la moitié [des députés socialistes qui ont accepté l’investiture de leur parti en contrepartie de mettre fin à leur propre cumul des mandats dans les six mois suivant leur élection] » ?

    • Cyrille dit :

      Il y a 71 députés socialistes qui ne cumulent aucun autre mandat (sur 279) – source : site de France TV qui détaille les mandats de tous les députés, à jour au 11 février 2013. Ceci dit, leur engagement n’était pas celui ci mais au moins de ne pas cumuler avec un mandat exécutif (maire, président d’un conseil régional ou général, président d’une intercommunalité). Concernant cet engagement, je n’ai pas les chiffres exact.

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