À l’ombre du Mont Nickel. John Gardner

À l’ombre du Mont Nickel est un roman de John Gardner paru en 1973 aux États-Unis (en 1976 en France). On le trouve facilement en occasion soit dans la version Denoël de 1976, soit la version Poche chez 10/18 de 1995, en attendant qu’il soit réédité, ce qui serait une bonne idée. John Gardner est un peu oublié en France, alors qu’il est un écrivain majeur de la deuxième moitié du XXème siècle. Une partie de son œuvre est heureusement en cours de réédition chez Denoël et j’espère que cela lui redonnera la place qu’il mérite. Après Grendel (que je n’ai pas lu) et La Symphonie des Spectres, L’Homme Soleil paraitra en 2014.

J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de La Symphonie des Spectres ici, un véritable chef d’œuvre. À l’ombre du Mont Nickel, à côté, peut sembler être un roman mineur. Moins ambitieux, il l’est à n’en pas douter. Ça ne le rend pas digne des oubliettes pour autant.

John Gardner le qualifiait lui même de roman pastoral. Et c’est en effet dans la campagne de l’Amérique profonde qu’il se déroule, dans une toute petite ville, dans les années 60. Henry Soames, le personnage principal y tient une sorte de relais pour routiers. Quarante ans, obèse, malade du cœur. Son médecin ne lui donne que quelques mois à vivre s’il ne perd pas très vite quarante kilos. Il embauche Callie, une jeune fille du coin qui veut apprendre le métier de serveuse pour aller tenter sa chance à New-York. Il n’a pas vraiment besoin d’une employée, mais il a bon cœur et ne sait pas vraiment dire non. Callie sort avec Willard. Elle tombe enceinte et Willard s’enfuit. Henry épouse Callie, bien qu’il ait l’âge d’être son père. Mais cet « accident » dans sa vie routinière va bien entendu bouleverser profondément sa vie.

Voilà, le cadre est posé, il n’y a pas plus à raconter. À l’ombre du Mont Nickel, c’est la vie de ces gens. C’est leurs doutes, les épreuves qu’ils traversent et la façon dont il les traversent. On retrouve dans ce roman le style de John Gardner. Beaucoup de monologue intérieur (enfin, pas stricto sensu, parce que c’est écrit à la troisième personne du singulier, mais on est en permanence dans la tête d »Henry), de longues digressions. Je dois dire que je suis totalement sous le charme de cette écriture. Ça se lit avec délectation, et très facilement. On est littéralement plongé dans la période et dans l’Amérique rurale.

Et puis, John Gardner, c’est surtout des personnages. Atypiques, torturés sous leur aspect bourru. C’est aussi une forme de désespoir, une lutte inégale entre l’inertie du destin et les aspirations à sortir du chemin tracé.

J’ai été enchanté de poursuivre la découvert de l’œuvre de Gardner. Faudrait vraiment que je songe à lire Grendel (je sais pas trop pourquoi, il m’a pas attiré lorsqu’il a été réédité chez Lunes d’Encre) et j’attends avec impatience L’Homme Soleil en 2014.

Roman traduit de l’Anglais (États-Unis) par Anne Villelaur
Paru aux Éditions Denoël (en poche chez 10/18 épuisé chez les deux éditeurs, mais facilement trouvable en occasion)

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2 réponses à À l’ombre du Mont Nickel. John Gardner

  1. Cachou dit :

    Ce qui était intéressant dans « La symphonie des spectres », c’était le côté description de cet endroit un peu d’Amérique profonde aussi, même si avec aspect universitaire, du coup celui-ci pourrait me plaire également…

    • Cyrille dit :

      Il y a des points communs entre les deux, le côté universitaire en moins. Ça m’a donné vraiment envie d’aller voir plus loin dans l’œuvre de l’auteur. Plusieurs de ses livres publiés dans les années 70 chez Denoël doivent se trouver assez facilement en occasion.

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