Itinéraires Nocturnes. Tim Powers

Tim Powers était édité chez J’ai Lu dans les années 90, et, à l’époque, j’ai vraiment beaucoup aimé ses romans, en particulier le très connu Les Voies d’Anubis.

Dans les années 2000, deux de ses romans ont été édités chez Lunes d’Encre : Les Puissances de l’invisible et À deux pas du Néant, qui, je dois dire, m’avaient un peu laissé sur ma faim, voire un peu ennuyé pour le premier nommé.

Il n’empêche que j’avais un a priori positif sur l’auteur (un peu moins sur le bonhomme quand il déclare sérieusement, dans une interview à Bifrost (dans le n°50), que « Reagan a été un grand président », lui attribuant la fin de la guerre froide… « Et il a fait baisser spectaculairement les impôts, le chômage et l’inflation ». Mais voyons… Il a juste aussi semé les graines de la dérégulation folle qui a mené à la crise de 2008, mais c’est sûrement un détail. Par ailleurs, dans cette interview, Tim Powers est globalement très antipathique, mais c’est bien sûr un avis totalement subjectif !).

Après la lecture du recueil de nouvelles Itinéraires Nocturnes, je me dis, qu’à tout le moins, il n’est pas fait pour cet exercice… Tim Powers n’est pas, en effet, un spécialiste de la nouvelle, ce recueil de douze nouvelles couvrant l’intégrale de ses textes courts. C’est heureux qu’il n’en ait pas écrit plus.

Le problème principal, c’est quand même qu’il raconte toujours la même chose. Des histoires de fantômes, enveloppée dans ce que la Quatrième de couv appelle poliment de la mystique chrétienne, et que je qualifierai plutôt d’insupportable prêchi-prêcha. Un texte, ça peut être sympa, au bout de dix, on commence à se lasser. D’autant que je n’avais pas souvenir d’une tell lourdeur de plume de la part du bonhomme. Ça manque cruellement de légèreté et d’adresse, du coup, j’ai été souvent complètement perdu, tournant les pages en me demandant de quoi ça parlait. À force d’ellipses, de non-dits, on finit par ne plus rien comprendre. J’ai quand même eu le courage d’aller jusqu’au bout (sauf de la nouvelle « Pat Moore« , à laquelle je n’ai strictement rien compris et que j’ai abandonné au bout d’une vingtaine de pages).

Je vais quand même signaler mes deux nouvelles « préférées » du recueil :
La première (peut-être n’étais-je pas encore lassé…) : « Vers le bas de la colline » : une histoire de société secrète d’immortels qui prennent la place des âmes de vivants pour survivre. L’ambiance est intéressante, l’histoire assez originale, la chute est un peu sans intérêt, mais bon, il y a largement pire.
L’avant-dernière : « Une âme dans une bouteille« , l’histoire d’un amateur de vieux livres qui rencontre le fantôme d’une poétesse tuée par sa sœur et bien décidée à se venger… Là aussi, une jolie ambiance nostalgique et de la poésie.

Je dis pas que ces deux nouvelles soient exceptionnelles, mais, selon l’adage bien connu, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ! Le reste du recueil est à jeter.

Le recueil de termine sur une nouvelle (« L’heure de Babel« ), qui dénote au niveau de la thématique. Ça se veut être de la pure SF, une histoire de voyage dans le temps avec ses immanquables paradoxes temporels. Elle concentre tous les défauts du recueil avec, en bonus, un jargon science-fictif bien ridicule (à coup de « cristaux photoniques colloïdaux », de « tachyons chargés dans un Tevatron » et autre « vent d’éther de Lorentz »…).

L’ennui aidant, les « indicatifs » du traducteur Jean-Pierre Pugi m’ont encore plus agacé qu’à l’habitude. (Pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents de ce blog, je m’étonne, à chaque fois que je lis un livre traduit par Jean-Pierre Pugi, qu’il appelle un « numéro de téléphone » un « indicatif ». C’est un véritable tic verbal, d’autant plus insupportable que je n’ai trouvé aucun dictionnaire donnant à « indicatif » cette acception).

On l’aura compris, malgré une très jolie couverture, Itinéraires Nocturnes est largement évitable. Par ailleurs, ne manquant pas de lectures, je ne me risquerai pas à lire le dernier roman traduit en France de l’auteur, paru récemment (Parmi les Tombes, chez Bragelonne. Rien que le titre me fait craindre le pire).

Recueil de nouvelles traduit de l’Américain par Jean-Pierre Pugi
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

Ce contenu a été publié dans Livres, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à Itinéraires Nocturnes. Tim Powers

  1. Phil dit :

    Ca a l’air trop bien ! 😀
    (Déjà, [b]A Deux pas du Néant[/b], mouof en effet…)

Les commentaires sont fermés.