La fusée Borloo fait pschiiit

Il arrive qu’on se moque des centristes français à tort. Mais souvent le réalité dépasse la caricature. Le parcours de Jean-Louis Borloo depuis 2007 est un modèle à enseigner dans les écoles : contretemps, rendez vous manqués, tout y est.

2007 : dans la foulée de la victoire de Nicolas Sarkozy, que Borloo a soutenu, il est nommé Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Emploi, un ministère aux compétences très larges. Le soir du 1° tour des législatives, piégé par Fabius sur un plateau télé, il indique que le gouvernement a un projet de TVA sociale dans les cartons, ce qui, selon beaucoup d’observateurs, va contribuer à amoindrir la victoire de la droite à ces législatives. Puni, il quitte déjà son grand ministère pour un autre poste, au titre plus long, mais au pouvoir moindre : Ministre d’État, ministre de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables (victime collatérale : la TVA sociale, dont on n’entend plus parler). Avec la flamboyance qu’on peut quand même lui reconnaître, il se jette à corps perdu dans le Grenelle de l’environnement, grande négociation destinée à faire entrer notre pays dans l’ère du développement durable. Beaucoup de bruit pour pas grand chose : Nathalie Kosciusko-Morizet (la cousine de Karen Chéryl, si, si, c’est vrai), qui lui succède au poste en 2010 a indiqué récemment que le plus gros succès du Grenelle, c’est le bonus-malus sur l’achat des voitures… Certes, NKM déteste Borloo, depuis que ce dernier n’a eu de cesse de la virer de son ministère (elle avait un poste de secrétaire d’état rattaché à l’environnement), ce qu’il obtint en janvier 2009, à l’occasion d’un remaniement. Mais on ne peut pas lui donner entièrement tort. Le grenelle de l’Environnement, qui devait contribuer à changer nos comportements quotidiens accouche d’une petite niche fiscale : quelle révolution !

Depuis le Grenelle, on entend plus Borloo distiller sa petite musique personnelle pour doucement se distinguer de François Fillon que pour parler d’écologie. Il semble s’ennuyer dans son poste. A croire que ce n’est plus un sujet majeur… Plus l’intitulé de son poste s’allonge au fil des remaniements (Ministre d’État, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire en 2008 ; Ministre d’État, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, chargé des Technologies vertes et des Négociations sur le climat en 2009), moins il semble avoir de poids dans les grands arbitrages. L’écologie commence à lasser le président de la République, qui le fait savoir dès qu’il le peut (« Toutes ces questions d’environnement, […] ça commence à bien faire », éructé en plain salon de l’agriculture 2010) ; Borloo ne dit rien…

Il pense son grand moment arrivé lors du remaniement de 2010. Cette fois ça y est, il va être premier ministre, et peser sur les orientations de la fin du quinquennat. Caramba, encore raté, Fillon est reconduit. Ni une, ni deux, Borloo quitte le gouvernement, quitte l’UMP, et dit tout le mal qu’il pense de la politique menée depuis 2007, bien qu’il n’ait jamais rien dit avant, alors qu’il était au gouvernement.

Depuis son départ du gouvernement, on le dit préparer sa candidature à l’élection présidentielle. Il a un projet pour l’avenir, il doit le présenter aux Français, l’heure est grave, quoi !

Hier, au journal de 20 h, Borloo annonce que finalement, il n’ira pas. Quoi ? La France ne serait-elle plus en danger ? Ben, en fait, c’est pas ça, «la vérité c’est que les centres n’ont jamais été aussi éclatés, en compétition même entre eux.», dit il !!! (Pour être juste avec lui, il dit aussi qu’il ne veut pas «ajouter de la confusion à la confusion»). On suppose qu’après une petite cure de jeûne médiatique, on va le retrouver en début d’année 2012 dans l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy.

Je cherche la cohérence dans tout ça. Malgré tous mes efforts, je ne la trouve pas. Je comprends tout à fait qu’on puisse ne pas avoir envie de faire une campagne présidentielle. Mais alors, il fallait pas nous jouer ce numéro d’artiste depuis un an, ce numéro de matador qui va tout casser, et on va voir ce qu’on va voir.

On a vu.

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2 réponses à La fusée Borloo fait pschiiit

  1. The X Phil dit :

    Nathalie Kosciusko-Morizet (la cousine de Karen Chéryl, si, si, c’est vrai)
    –> naaan ? Dingue !
    (je relève que ça, hein – 100% d’accord sur le reste).

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