L’escargot sur la pente. Arkadi et Boris Strougatski

La collection Lunes d’Encre de Denoël, poursuit ce mois-ci la réédition des œuvres des frères Strougatski avec l’Escargot sur la pente, dans un volume qui est suivi par la novella L’Inquiétude, qui est en fait une première version du récit.

Il m’est assez difficile de chroniquer L’Escargot sur la pente. Parce que j’aurais pu l’aimer mais je l’ai détesté. Non, détesté est un mot trop fort. La vérité, c’est que je me suis ennuyé à la lecture de ce roman, bien que son sujet m’intéresse et qu’il soit très bien écrit. Une écriture poétique et sans fioriture, totalement en adéquation avec l’ambiance du roman.

Mais je me suis ennuyé. À un point tel que, une fois le roman terminé, j’ai commencé à lire l’Inquiétude et, constatant que c’était exactement la même histoire, dans un environnement légèrement différent, je n’ai pas insisté : je ne me sentais pas la force de m’infliger une deuxième fois le même ennui.

L’Escargot sur la pente, c’est la confrontation de deux mondes inconciliables : la forêt et l’administration, que l’on découvre à travers deux personnages. L’un, Poivre, travaille pour l’administration, il a envie de partir et de découvrir la forêt, mais l’administration ne le lui autorise pas. L’autre, Candide, a travaillé pour l’administration, il explorait la forêt pour elle, et, suite à un accident, a perdu la mémoire et vit dans la forêt. Les deux mondes sont inquiétants pour des raisons différentes. L’administration, c’est une allégorie de la bureaucratie soviétique, dans laquelle l’homme n’est rien, balloté au bon vouloir d’un pouvoir dont il ne comprend jamais le sens des décisions. La forêt, elle, est inquiétante parce qu’elle est truffée de pièges et de dangers, on y croise des morts, des arbres-sauteurs et des bandits un peu ridicules mais plutôt dangereux.

L’impression d’oppression est omniprésente, parce qu’on perçoit à chaque instant que les personnages du roman n’ont quasiment aucun libre arbitre. Au sein de l’administration, c’est évident Mais au sein de la forêt, ce n’est pas beaucoup mieux. Candide souhaite retrouver l’administration, mais ne connait pas le chemin de retour, et chacune de ces décisions semble complètement absurde.

En fait, l’Escargot sur la pente ressemble à un de ces cauchemars d’une nuit fiévreuse, où le rêveur est si profondément endormi qu’il n’a pas conscience de rêver. Et j’ai vécu la lecture de ce roman exactement comme si j’avais vécu ce cauchemar, ce qui m’a enlevé tout plaisir de lecture.

Alors, au final, mon ressenti est négatif, mais je n’arrive pas à porter un jugement négatif sur le roman, je pense surtout être passé à côté de quelque chose, et je vous invite plus que jamais à vous faire votre propre idée.

Roman traduit du russe par Vyktoriya Lajoye
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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