Anti-glace. Stephen Baxter

En 1998, la carrière française de Stephen Baxter a débuté avec Les Vaisseaux du Temps, un hommage à H.G. Wells puisqu’il s’agissait d’une suite du roman La machine à explorer le temps. Mais ce n’était pas en réalité la première tentative de Baxter dans le domaine de l’hommage, puisqu’en 1993, avait paru Anti-Ice, jamais traduit en Français jusqu’à ce jour. Un manque que vient de réparer Le Bélial, qui après avoir traduit le cycle des Xeelees, poursuit le travail archéologique sur l’œuvre de Baxter (une œuvre malheureusement quasi abandonné par les gros éditeurs français : ses deux derniers cycles – Northland et Proxima ne sont toujours pas traduits).

Anti-Glace est donc une œuvre de jeunesse de Baxter, un hommage à deux romans cultes de la science-fiction datant du tout début du genre : De la Terre à La Lune de Jules Verne, et Les premiers hommes dans la Lune, d’H.G. Wells.

Autant que je m’en souvienne, Les Vaisseaux du Temps était un roman très réussi. Anti-Glace, écrit cinq ans auparavant, est plus maladroit. Plutôt qu’un hommage, je parlerais de pastiche. C’est écrit à la manière de Jules Verne, mais l’intrigue est un peu faiblarde, et il y a de gros problèmes de rythme. Et il est difficile de s’attacher aux personnages tellement ils sont caricaturaux.

Toute l’intrigue est basée sur la découverte d’une substance mystérieuse, l’anti-glace, qui délivre une puissance fabuleuse. Cette découverte, aux mains exclusives des Anglais va changer le cours de l’histoire, et, par un concours de circonstance (qui démarre par un attentat), permettre à quatre hommes de réaliser un premier voyage vers la Lune, cent ans avant Amstrong.

Mais, autant les romans de Jules Verne ont le charme d’avoir été écrit bien avant que la science ne soit suffisamment avancée pour infirmer (ou non) ses hypothèses, autant là, on est parfois irrité par l’exercice tordu consistant à écrire à la fin du XX° siècle un roman d’ « anticipation » qui se déroule un siècle avant, en faisant mine d’avoir les connaissances scientifiques de l’époque…

Bref, pour être franc, ça ne m’a pas convaincu, non pas à cause de ces incohérences, mais surtout par le manque de souffle de l’ensemble. Baxter a écrit par la suite des romans denses qui tiennent le lecteur en haleine, et est devenu un maître du fameux « Sense of Wonder » qui m’ont toujours enthousiasmé. Avec Anti-glace, on en est encore bien loin. C’est sympathique, ça se lit sans déplaisir, ça a le bon goût d’être assez court, mais, je l’écris avec peine, c’est largement évitable.

Roman traduit de l’Anglais par Pierre-Paul Durastanti
Paru aux Éditions Le Bélial

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