Primaire PS : Réflexions d’entre deux tours

La primaire à peine installée dans le paysage, on a déjà du mal à s’imaginer qu’on a assisté par le passé en spectateur à la désignation des candidats à l’élection présidentielle par les partis politiques. C’est là la plus grande victoire des partisans de cette primaire, et de ceux qui veulent que cela devienne la règle, à droite comme à gauche. Victoire confirmée par les 2 600 000  votants du premier tour. Depuis des années, il est déclamé comme une évidence que les français ne s’intéressent plus à la politique. A la première occasion où on leur demande vraiment leur avis, ils disent exactement le contraire.

La présentation des résultats a été absolument ahurissante. On annonce pendant des semaines, sur la foi de sondages sans aucune signification, un certain résultat. Le résultat réel est différent. Va-t-on mettre en doute les sondages ? Non, on parle de surprise… Dimanche soir, pendant deux minutes, autour de vingt heures, les télés nous ont quand même expliqué que les sondages s’étaient trompés. Puis vint le temps d’analyser les résultats. Qui interrogea-t-on, sur toutes les chaînes ? Les représentants des instituts de sondages ! Des analyses basées sur des enquêtes d’opinion ? Non, non, ils nous expliquèrent que ces enquêtes n’étaient pas possibles. Mais c’est pas grave. Il est écrit dans le marbre que les sondeurs sont les meilleurs spécialistes d’analyse politique. C’est ainsi.

Aubry moins loin de Hollande que prévu par les oracles, Royal dans les choux, Montebourg à 17%. On demande aux gens de gauche de s’exprimer, et beaucoup plus que prévu disent que le PS n’est pas assez à gauche. Ça ne surprendra que ceux qui voudraient décider à la place des électeurs, et qui savent mieux que nous ce qui est bon pour nous.

Ces primaires n’auront décidément épargné aucun des poncifs entendus depuis des semaines. On nous promettait un PS se déchirant, c’est exactement l’inverse qui s’est produit. On a au contraire assisté à de vrais débats. Sans concession, certes, mais très éclairants.

Le débat du second tour en fut la meilleure illustration. C’était clair, précis. Certains (dont l’inénarrable Jean-François Copé, qui n’arrive pas à trouver le ton juste à propos de ce scrutin) diront technique,  mais je vois pas en quoi c’est un problème. On a été à la fois éclairé sur la différence (assez minime, au fond) entre les deux candidats, mais aussi et surtout sur le programme du PS, qui a été détaillé comme il n’aurait jamais pu l’être autrement. Et les demandes de précisions mutuelles ont permis de lever beaucoup d’ambiguïtés. Franchement, on rêve d’un débat de second tour de la vraie présidentielle aussi relevé.

Et si, comme on nous le promet maintenant tous les jours, ce sera Hollande qui est désigné, le débat l’aura au moins forcé à s’engager bien plus fermement qu’il ne l’avait fait avant, sur le non-cumul ou sur la réforme des banques, par exemple. Dans une démocratie idéale, ce rôle de clarification devrait venir de l’interrogation sans relâche des journalistes. Malheureusement, ce n’est pas le cas.

Pour ma part,  Hollande ne m’a pas convaincu sur sa volonté de réellement mettre en oeuvre toutes les mesures annoncées. Aubry l’a mis face à quelques unes de ses contradictions ou imprécisions (par exemple, Il faudra qu’il retravaille son argumentaire sur le coût zéro de l’embauche des 60 000 enseignants). Résultat dimanche soir !

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2 réponses à Primaire PS : Réflexions d’entre deux tours

  1. Cédric dit :

    Au delà, du débat sur les sondages dont le procès est fait systématiquement depuis quelques mois, j’ai de plus en plus de mal avec l’hypocrisie caractérisée des médias (journaux et télé) qui achètent et publient ces mêmes sondages le lundi et passent le reste de la semaine à les sabrer. Avec par exemple, Nicolas Demorand qui a passé la soirée à tailler en pièce Brice Teinturier dans « Mots Croisés » lundi dernier.

    • Cyrille dit :

      Entièrement d’accord avec toi. Demorand critique les sondages mais continue à en commander. Et continue à appeler Hollande le « favori des sondages »

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