Le fossoyeur. Adam Sternbergh

New-York, futur proche. La ville a subi quelques années auparavant une vague d’attentats, dont le plus tragique, l’explosion d’une bombe sale dans Times Square, a contaminé une partie de son territoire. Les pauvre sont de plus en plus pauvres, et les riches s’évadent du quotidien grâce à l’évolution des technologies de réalité virtuelle : sur un réseau spécialisé, baptisé « la limnosphère », ils peuvent vivre virtuellement la vie dont ils rêvent.

Spademan était éboueur. Puis il est devenu une sorte de tueur à gages. Il est contacté par un richissime prédicateur qui veut faire tuer sa fille…

Le fossoyeur d’Adam Sternbergh se lit en deux heures. Ce n’est pas le moindre de ses défauts. Non, en fait, c’est plutôt une qualité : s’il avait été plus dense, ce roman aurait carrément été indigeste.

L’un des plus gros problèmes, c’est la crédibilité du contexte. Je n’arrive pas à croire à cette ville qui parfois parait complètement dévastée, mais semble aussi continuer à fonctionner à peu près normalement. L’auteur a besoin d’un festin de pizzas ? OK, on dit qu’il reste encore une boutique qui livre des pizzas. La dernière de NY, of course. Parfois, on a l’impression que toute la civilisation s’est écroulée, mais en fait, le reste des États-Unis semble fonctionner normalement, du coup, ça sonne faux. Quant au reste du monde, il n’existe pas, bien entendu…

Tout parait factice. Surtout les procédés de l’auteur. Les personnages sont « convoqués » au fil des besoins et il expédie en deux phrases une justification pourrie de leur présence à ce moment-là.

Quant au style… Adam Sternbergh est un maniaque du retour à la ligne. Une phrase = un paragraphe. Et pour faire branché, il ne marque pas les dialogues (ou bien sa touche « – » était cassée…). Trop souvent, on a l’impression que le narrateur nous raconte un film, ou bien un autre livre (qui serait écrit par un auteur). Ça donne une sorte de synopsis maniéré.

Autre « truc » dont l’auteur abuse : une narration alternée entre le présent et le passé, à un rythme épileptique. Ça fait nerveux, ça fait moderne. Le problème étant dans le « ça fait ». Parce que là aussi, ça donne une impression de : « J’ai beaucoup réfléchi à rendre mon truc original ».

Bon voilà quoi…  J’ai pas aimé, mais au moins, je me suis pas ennuyé, c’est déjà ça. Sauf à un ou deux moments où Sternbergh veut absolument qu’on comprenne ses histoires de virtualité et les rendre techniquement crédible et là, on s’emmerde, et on regrette qu’il n’ait pas appuyé sur la touche « passage à la ligne » depuis trop longtemps.

Après que les méchants soient devenus gentils puis méchants trois ou quatre fois, tout finit bien. Et j’ai eu furieusement envie de lire un vrai livre.

Roman traduit de l’Anglais (États-Unis) par Florence Dolisi
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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1 réponse à Le fossoyeur. Adam Sternbergh

  1. Phil dit :

    Hahahaha, ça a l’air trop bien !

    Je te passerai Accelerando, si tu veux, ça doit être à peu près à l’opposé, en terme de densité…

Les commentaires sont fermés.