L’Évangile selon Eymerich. Valerio Evangelisti

Il aura fallu seize ans à Valerio Evangelisti pour écrire l’ensemble du cycle des 10 volumes racontant les aventures de l’inquisiteur Nicolas Eymerich. Et il aura fallu dix-sept ans d’un parcours éditorial compliqué pour que l’ensemble du cycle soit enfin traduit et publié en France chez un même éditeur. (Payot et Rivages avait commencé la publication du cycle en 1998 mais s’est arrêté au sixième volume, et sans l’extraordinaire travail des Éditions La Volte, nous n’aurions jamais eu les quatre derniers volumes.)

Mais voilà qui est fait, et, aussi longtemps après avoir lu les premiers volumes, c’est avec un réel plaisir que j’ai pu enfin connaître la fin de ce cycle. Pour ne rien gâcher, ce dernier volume L’évangile selon Eymerich est un des tous meilleurs de la série.

Les romans de cette série reposent tous sur la même mécanique (qui a pu lasser certains lecteurs) : trois lignes narratives entremêlées, la principale se déroulant à l’époque de l’inquisiteur Nicolas Eymerich, les autres dans un temps différent.

Pour ce dernier volume, l’une des lignes narratives nous emmène dans le passé, et nous fait découvrir l’enfance de l’inquisiteur, et sa découverte de l’inquisition, alors que son destin monastique est déjà tracé. J’ai trouvé que cette histoire n’était pas assez creusée, mais c’est souvent le cas des histoires secondaires dans les autres romans du cycle.

L’histoire principale est de facture classique (pour la série), et met en scène un Eymerich vieilli et fatigué, mais toujours aussi rigoriste et impitoyable. D’Espagne au sud de l’Italie en passant par la Sicile, il pourfend l’hérésie. Il enquête sur la mort d’un ancien confrère de l’ordre des Dominicains, Ramon de Tarrega, qui a puisé dans l’alchimie et la kabbale suffisamment de mage pour essayer de déstabiliser, à son profit, la géopolitique sicilienne. Eymerich ne croit pas à sa mort et traque l’hérétique au cours de son périple, alors que des manifestation surnaturelles renforcent sa conviction que son ennemi est bien vivant.

Valerio Evangelisti est toujours très précis dans sa description de l’époque, cette fois, il s’attarde sur les manœuvres de Cour autour de la Sicile.

C’est toujours avec le même plaisir que j’ai lu ce dernier livre de la série, qui boucle le cycle en abordant à la fois l’enfance d’Eymerich et la fin de sa vie. Au fil des épisodes, le personnage est devenu de plus en plus complexe. Et, dans une pirouette (que je ne dévoilerai pas), l’auteur offre même à son personnage, dans ce dernier volume, une forme d’immortalité.

Roman traduit de l’Italien par Jacques Barbéri
Paru chez La Volte

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