Le Rêve du Démiurge – Intégrale 1/3. Francis Berthelot

Le Rêve du Démiurge de Francis Berthelot est un cycle de neuf livres dont le dernier vient de paraître, après une odyssée éditoriale compliquée, puisque ce ne sont pas moins de six maisons d’édition qui ont participé à la naissance de ces neufs romans.

À l’occasion de la sortie de l’ultime volume du cycle de Francis Berthelot, L’Abîme du Rêve, en coédition Le Bélial / Dystopia, ces deux maisons d’éditions rééditent une intégrale du cycle, en trois volumes : le premier en cette fin d’année, le second en 2016 et le troisième en 2017, trois volumes intégrant chacun trois romans. Pour ma part, je découvre le cycle avec le premier tome de cette intégrale, constitués des romans : L’ombre d’un soldat, Le jongleur interrompu et Mélusath.

L’ombre d’un soldat n’est pas un roman fantastique. Cette coloration n’imprègnera le cycle qu’à partir du troisième roman. Olivier, personnage principal du roman, est un enfant de 7 ans au début de l’histoire, au milieu des années 50, et on va le suivre jusqu’à son adolescence. Sa famille vit dans un petit village de la Drôme. La fin de la guerre a laissé pas mal de fantômes, en particulier chez les parents d’Olivier. L’enfant comprend qu’on lui cache des choses sur sa mère, et va essayer par tous les moyens de connaître cette histoire. Sa quête le mènera, lorsqu’il sera à l’aube de sa vie adulte, jusqu’à un petit village allemand. L’ambiance de cette après-guerre, dans laquelle cohabitent espoir de renouveau et stigmates du passé proche, imprègne le roman. L’écriture de Berthelot est précise mais aussi poétique. Les personnages sont très attachants. Dès la lecture de ce premier roman, on a envie de se plonger dans l’ensemble de cette œuvre.

Le jongleur interrompu se déroule en Bretagne, quelques années plus tard. C’est un roman totalement indépendant du premier. Il se déroule dans l’univers d’un cirque qui vient d’arriver dans un petit village, autour de deux personnages principaux : un orphelin, Petrel, épileptique que tout le village considère comme un peu attardé et le jongleur du cirque, Constantin. Et quelques personnages secondaires dont Lily-Rhum, la voyante du cirque. Constantin est très malade, une maladie qui n’est jamais nommée et qui pourrait être le SIDA si ce n’est que ça ne colle pas au niveau des dates. Disons que c’est une allégorie du SIDA, en tout cas les symptômes sont assez similaires. Entre Petrel et Constantin va se nouer un lien entre l’amitié et la relation père-fils de substitution. Cette amitié pousse Petrel à trouver le courage d’en savoir plus sur son passé (sa mère est morte quand il était très jeune, il ne connait pas son père). Sur des thèmes proches de L’ombre du soldat, Berthelot tisse une narration très différente, mais garde les qualités du premier roman : personnages attachants, écriture ciselée et poétique. Un deuxième bijou.

Le troisième roman, Mélusath, est réellement l’acte de naissance du cycle : Olivier, devenu amnésique, qui se fait appeler Gus, croise Lily-Rhum. L’histoire se déroule au sein d’une troupe de théâtre. L’actrice principale, Katri, rencontre Gus, qui peint des trompe l’œil dans la rue, et l’invite à se présenter au directeur du théâtre, Wilfried, qui cherche un décorateur pour sa prochaine pièce. Katri s’est éprise de Gus, bien plus jeune qu’elle, mais elle se rend compte qu’il n’a d’yeux que pour Wilfried. Gus peint une fresque dans le théâtre, sur laquelle il représente Mélusath, le génie du théâtre. Ce dernier prend vie et va insuffler un nouveau départ au théâtre qui périclitait, tout en obligeant les protagonistes à affronter leurs propres démons. Gus/Olivier lutte pour retrouver sa mémoire et les démons de son passé, Katri est obligée de s’interroger sur sa vocation d’actrice, tandis que Wilfried doit assumer sa place dans la pièce qu’il est en train de monter. Avec ce troisième roman, le cycle est sur des rails prometteurs. L’écriture de Berthelot gagne encore en densité. Le fantastique commence à imprégner le cycle. Un thème se dégage des trois romans, en étant particulièrement fouillé dans celui-ci : la découverte de soi.

Attendre un an pour lire la suite va être une torture. Tous les romans sont trouvables en occasion, mais je crois que j’attendrai le temps qu’il faut, pour faire durer le plaisir et aussi avoir le plaisir de lire ce cycle dans le bel écrin que lui ont concocté Dystopia et le Bélial.

Projet en coédition Dystopia Workshop et Le Bélial

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2 réponses à Le Rêve du Démiurge – Intégrale 1/3. Francis Berthelot

  1. Phil dit :

    C’est pas dans tes habitudes de t’infliger la torture de l’attente sur plusieurs années

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