La petite Déesse. Ian McDonald

Ian McDonald a écrit une série de nouvelles ou de novellas dans l’univers de son roman Le fleuve des Dieux. Ces récits sont parus en recueil sous le titre Cyberabad Days, et traduits en français sous le titre La petite Déesse, qui est le titre de l’une des nouvelles du recueil (nouvelle qui a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire 2013).

Ian McDonald s’est attaqué depuis quelques années à une série de romans indépendants qui tracent une histoire d’un futur assez proche (le demi-siècle qui vient), en prenant à chaque fois un point de vue centré sur un pays. Brasyl (comme son nom l’indique, le Brésil – pas lu), Le Fleuve des Dieux (L’inde) et La Maison des Derviches (la Turquie – mon préféré). En revenant dans l’univers du Fleuve des Dieux, il rajoute quelques touches de couleurs à cette grande fresque.

Chaque nouvelle ou novella de ce recueil aborde l’évolution des nouvelles technologies et l’intrication de l’Intelligence Artificielle dans la vie courante, l’évolution spécifique de la société indienne (dans laquelle le déséquilibre démographique homme-femme n’a cessé d’augmenter, pour atteindre une proportion de 1 femme pour 4 hommes), et l’avenir politique de l’Inde, que Ian McDonald voit balkanisée. L’un des points communs des récits est qu’ils sont, pour la plupart, vus du point de vue d’un ou plusieurs enfants.

C’est aussi foisonnant que Le Fleuve des Dieux, mais, pour ma part, j’ai trouvé ces nouvelles bien plus lisibles que le roman, qui m’avait laissé sur un drôle de sentiment : brillantissime mais inaccessible, par la faute de l’envahissement du texte par des mots indiens dont je ne saisissais souvent pas le sens.

Ma préférence va aux trois textes les plus longs, les trois derniers. La petite Déesse, déjà publiée dans la revue Bifrost, et L’épouse du Djinn, traitent d’un thème assez similaire : la symbiose entre l’humanité et les intelligences artificielles. Deux cas de figure bien différents, et deux conclusions opposées. Quant au dernier récit, c’est plutôt un roman court qu’une nouvelle : Vishnu au cirque des chats embrasse cinquante ans d’Histoire de cette Inde future, narrée par un enfant amélioré génétiquement, et qui a une espérance de vie de plus de deux siècles. En à peine plus de cent pages, le récit est forcément mené à grande vitesse, ce qui donne un effet vertigineux.

Cette préférence pour les récits les plus longs ne me font pas pour autant négliger les nouvelles du début du recueil : une préférence particulière pour l’Assassin Poussière, l’histoire d’une vengeance machiavélique portée, à son insu, depuis l’enfance, par la seule rescapée d’une dynastie.

Chacun des récits apporte une nouveau détail à la peinture de cette Inde future, comme une touche de couleur sur un tableau pointilliste.

Les lecteurs du Fleuve des Dieux ne seront pas dépaysés. Quant aux autres, ils peuvent sans problème se plonger directement dans ce recueil, qui peut se lire tout à fait indépendamment.

Ian McDonald est un auteur majeur de ce début de siècle. Ce recueil en est une nouvelle preuve.

Recueils de nouvelles traduites de l’Anglais (Irlande) par Gilles Goulet
Paru chez Denoël Lunes d’Encre

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3 réponses à La petite Déesse. Ian McDonald

  1. Phil dit :

    Déjà fini ? 🙂
    Bon, mio j’ai entamé La Maison des Derviches aujourd’hui – et je compte bien attaquer celui-là dès que possible.

  2. Phil dit :

    Haha, « La Maison des Derviches » page 336 : « L’indicatif était en mémoire. Il le composa. » (traduction Jean-Pierre Pugi)

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